Italie : le système de visas de travail infiltré par le crime organisé, accuse Meloni

La Première ministre italienne Giorgia Meloni a annoncé le mardi 4 juin 2024, un plan pour réformer le système italien de visas pour les travailleurs non-originaires de l’UE, affirmant qu’il était utilisé par le crime organisé pour faire entrer des immigrés clandestins.

Le gouvernement souhaite mettre en place un système où les arrivées seraient conditionnées à un contrat de travail, a déclaré Mme Meloni lors d’un Conseil des ministres, selon un communiqué de ses services.

« Nous sommes face à un mécanisme de fraude et de contournement des systèmes d’entrées régulières, avec une forte interférence du crime organisé, que nous devons arrêter et corriger », a dit la cheffe du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia.

Depuis son entrée en fonction en octobre 2022, elle a pris des mesures pour tenter de réduire l’immigration irrégulière en Italie, tout en augmentant le nombre de visas de travail légaux en réponse aux demandes d’entreprises.

Mais selon elle, l’analyse du système actuel a mis au jour des données « alarmantes ».

Dans certaines régions, en particulier en Campanie dans le sud, le nombre de demandes de visas était « totalement disproportionné » par rapport au nombre d’employeurs potentiels.

Et « seul un pourcentage minime » de ceux qui ont obtenu un visa de travail ont réellement signé un contrat de travail, selon Mme Meloni.

Ce chiffre était de 3% en Campanie, où 157.000 demandes de visas ont été déposées pour des emplois saisonniers l’an dernier, plus de la moitié des 282.000 demandes déposées au total.

« Les flux légaux d’immigration pour raisons professionnelles sont utilisés comme un autre canal de l’immigration clandestine », a-t-elle accusé.

La plupart des travailleurs hors UE entrés en Italie ces dernières années étaient originaires du Bangladesh, selon Mme Meloni.

Dans ce pays, « les autorités diplomatiques parlent d’un phénomène d’achat et de vente de visas de travail », a-t-elle ajouté, citant le chiffre de 15.000 euros pièce.

La Première ministre a déclaré avoir déposé plainte plus tôt dans la journée de mardi auprès du parquet anti-mafia et antiterroriste, mais que le gouvernement allait également agir pour changer le système.

« Nous allons modifier les critères qui ont mené à ces distorsions » et établir le principe selon lequel « vous entrez légalement si vous avez un contrat de travail », a-t-elle expliqué dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux après le Conseil des ministres.

Son gouvernement a établi des quotas de 136.000 travailleurs hors UE en 2023, 151.000 en 2024 et 165.000 en 2025. En 2018 et 2019, le chiffre était de moins de 31.000 par an.

Avec AFP

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