Togo- Narcisse Prince Agbodjan à la tête du SYNJIT : les défis d’un mandat sous pression

Le Syndicat national des journalistes indépendants du Togo (SYNJIT) a entamé une nouvelle ère depuis le 30 novembre 2024, avec à sa tête Narcisse Adjé Prince Agbodjan. Journaliste à  « Linterview.tg », il succède à Isidore Kouwonou en tant que Secrétaire général. Ce passage de témoin est l’occasion de poser des questions cruciales : quel est l’état actuel du syndicat, quels sont les projets pour les quatre prochaines années, et comment améliorer durablement les conditions de vie et de travail des professionnels des médias au Togo ?

Une organisation stable mais discrète

Selon Narcisse Adjé Prince Agbodjan, le SYNJIT reste une structure solide malgré les défis rencontrés. « Un an après la fin du bureau sortant, nous avons continué de travailler en off par rapport à ce syndicat. C’est l’entité la plus calme des organisations de presse au Togo. C’est au SYNJIT qu’on n’écoute pas les petits problèmes et querelles. Nous faisons un effort pour transcender tout cela », a déclaré le nouveau SG lors de sa première prise de parole publique.

Un discours sans complaisance sur les conditions des journalistes

En ce qui concerne les conditions de vie et de travail des journalistes togolais, Narcisse Adjé Prince Agbodjan adopte une posture ferme et sans concession. Réputé pour ses prises de position franches exprimées dans divers forums, il n’hésite pas à pointer la responsabilité des professionnels eux-mêmes dans cette situation. « Nous estimons que les journalistes se doivent de faire un grand effort. C’est vrai qu’on crie tout le temps que le journaliste vit mal, mais ayons le courage de le dire : le journaliste entretient les conditions dans lesquelles il est. Aujourd’hui, il faut commencer par changer les mentalités, que le journaliste comprenne qu’il doit prendre conscience de ses conditions, non seulement de travail mais également de vie », a-t-il martelé.

Plaidoyer et responsabilisation : une double stratégie

Face à la question récurrente des difficultés économiques des journalistes, le nouveau patron du SYNJIT prône une approche combinant plaidoyer auprès des pouvoirs publics et responsabilisation individuelle. Pour lui, le métier de journaliste ne doit plus être perçu comme un simple sacerdoce. « C’est fini cette histoire ! Avec ce qui se passe aujourd’hui, où s’il faut être journaliste, il faut forcément répondre à des critères qui sont appliqués à tout le monde sans exception et aux organes de presse appelés à devenir des entreprises de presse, il faut penser à la rémunération et au mieux-être du journaliste. La balle est dans notre camp », a-t-il affirmé.

Trois chantiers prioritaires pour les quatre prochaines années

Le nouveau bureau du SYNJIT se fixe trois objectifs fondamentaux pour les quatre ans à venir. Premier défi : veiller à l’application effective de la convention collective des professionnels des médias togolais. Ce texte, bien que crucial, peine encore à être respecté par l’ensemble des acteurs du secteur.

Ensuite, le SYNJIT entend intensifier ses plaidoyers auprès des autorités publiques afin d’obtenir l’inclusion des journalistes dans le système de l’assurance maladie universelle (AMU). Cette mesure pourrait représenter un tournant décisif dans l’amélioration des conditions sociales des professionnels des médias.

Enfin, le syndicat mise sur la remobilisation de ses membres. Pour Narcisse Adjé Prince Agbodjan, cette dynamique interne est essentielle pour renforcer l’unité et le poids du SYNJIT dans ses actions.

Un cap ambitieux pour un secteur en mutation

En prenant les rênes du SYNJIT, Narcisse Adjé Prince Agbodjan s’attaque à des problématiques complexes mais incontournables. Le succès de son mandat dépendra non seulement de sa capacité à mener des réformes structurantes, mais aussi de l’adhésion des journalistes à cette vision de renouveau. Dans un paysage médiatique en pleine mutation, le défi est de taille, mais les ambitions affichées promettent de redonner au métier de journaliste togolais ses lettres de noblesse.

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