Voici les 10 pays africains les plus endettés vis-à-vis de l’extérieur, l’Afrique de l’Ouest représentée par…

Dans le rang des 10 pays africains les plus endettés vis-à-vis de l’extérieur, l’Afrique de l’Ouest est représentée par le Nigeria, le Ghana et le Sénégal.

Selon les données de la Banque mondiale, le stock de la dette extérieure (publique et privée) des pays africains s’établit, à fin 2023, à plus de 1.154 milliards de dollars.

Dix pays du continent s’accaparent 70% de ce fardeau qui pèse lourd sur leurs économies. La Banque mondiale, la BAD, le FMI, la Chine figurent parmi les principaux créanciers publics.

La conjoncture économique mondiale difficile (Covid, guerre Russie-Ukraine…) et la flambée des cours des matières premières et des hydrocarbures ont ébranlé les finances publiques de presque tous les pays, particulièrement ceux du continent africain.

Les déficits publics abyssaux ont contraint ces pays à s’endetter davantage alors que les conditions d’emprunt étaient devenues beaucoup moins favorables à cause de la remontée des taux d’intérêt suite aux hausses des taux directeurs initiées par la Reserve Federal américaine.

Conséquence, la dette extérieure -définie par la Banque mondiale comme la somme des dettes publiques et privées long terme, garanties et non garanties) et la dette à court terme (délai maximum d’un an) des pays africains n’a pas cessé de croître, malgré des sorties sous forme de remboursement du service de la dette (principal et intérêt) beaucoup plus importantes que les montants empruntés en 2023.

Globalement, le stock de la dette extérieure du continent s’est établi autour de 1.154 milliards de dollars, en hausse de 7,84% par rapport à son niveau de 2022. À titre de comparaison, la dette extérieure de la Chine s’établit à 2.420,21 milliards de dollars, celle du Mexique à 595,92 milliards de dollars. Le stock total de la dette extérieure mondiale (hors pays de l’OCDE) s’est établi à 8.837 milliards de dollars, selon le rapport sur la dette extérieure. La dette extérieure du continent africain représente donc 13,06% de la dette extérieure mondiale.

Un montant loin de refléter toute la réalité du niveau de la dette extérieure du continent du fait que certains pays ne divulguent pas la totalité de leur dette. Cette dette est dominée par les emprunts publics bilatéraux et multilatéraux qui représentent plus de 62% de la totalité de la dette extérieure africaine.

En Afrique subsaharienne, la dette extérieure s’établit à 864 milliards de dollars à fin 2023 dont 59% de dette publique et 41% de dette privée. La proportion de la dette publique au niveau des pays d’Afrique du Nord est beaucoup plus importante et tournerait autour de 65% pour un stock de la dette extérieure de 290 milliards de dollars.

 Cette dette représente 170% des exportations en valeur et 44% du Revenu global brut de la région (RGN: PIB + revenus nets reçus de l’étrangers pour la rémunération des salariés, la propriété et les impôts et subventions nettes sur la production).

Pris globalement, les principaux créanciers publics des pays africains sont la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, la Banque africaine de développement (BAD), la Chine… Quant à la dette extérieure privée, elle est très largement dominée par les emprunts sur le marché obligataire international. À noter que pour un pays comme l’Afrique du Sud, la dette privée représente 86% de la dette extérieure alors que pour le Mozambique, 89% de la dette extérieure est publique.

Les emprunts publics sont rémunérés à des taux beaucoup plus bas comparativement aux privés. En plus, certaines dettes publiques bilatérales bénéficient des conditions préférentielles (prêts concessionnels) avec de faibles taux d’intérêt. Les taux des emprunts auprès des privés sont plus coûteux et plus risqués adossés qu’ils sont à des taux variables.

Une chose est sure, cette dette pèse lourdement sur les finances publiques et sur les économies africaines. Elle représente ainsi environ le tiers du PIB du continent africain. Ce qui est tout de même significatif, même sans être inquiétant. Dans certains pays, elle est tout simplement devenue insoutenable, comme en attestent les défauts de paiement de ces dernières années. Dans tous les cas, le service de la dette pour de nombreux pays du continent pèse lourdement au niveau du budget de l’État. En 2023, le service de la dette de l’Angola a atteint 11,80 milliards de dollars représentant 16% du RGN du pays.

Reste que la dette extérieure du continent africain est fortement concentrée sur une poignée de grands pays. En effet, les dix pays africains les plus endettés vis-à-vis de l’extérieur affichent un stock de 797 milliards de dollars, soit 70% de la dette extérieure du continent. Il s’agit, à quelques exceptions près, des grandes économies du continent. C’est le cas de l’Algérie, 4e puissance économique du continent, qui n’affiche que 7,31 milliards de dollars de dette extérieure, entièrement sous forme publique dont 83% auprès de la Banque africaine de développement (BAD).

Idem pour l’Éthiopie, 5e puissance économique africaine, avec un endettement extérieur de 33,30 milliards de dollars. À l’opposé, la Tunisie et le Sénégal, loin de figurer parmi les grandes puissances économiques du continent, font partie du Top 10 africain avec respectivement 41,28 et 39,95 milliards de dollars.

Voici ci-dessous, les 10 pays africains les plus endettés vis-à-vis de l’extérieur, l’Afrique de l’Ouest représentée par le Nigeria.

Égypte

Afrique du Sud

Nigeria

Maroc

Mozambique

Angola

Ghana

Kenya

Tunisie

Sénégal

Source : Banque mondiale

En ce qui concerne le cas du Maroc, la dette publique représente 64% de la dette extérieure du pays dont 49% sont une dette multilatérale. Les principaux créanciers sont la Banque mondiale (20%), la BAD (10%), la France (5%), l’Allemagne (5%)… Quant à la dette extérieure privée, elle est dominée par les emprunts obligataires (27%) devant ceux des banques commerciales et autres (9%). En 2023, le service de la dette s’est établi à 4,99 milliards de dollars, représentant 4% du revenu global net.

Enfin, l’endettement extérieur, en lui-même, n’est pas mauvais s’il sert à des investissements qui peuvent stimuler la croissance et le développement d’un pays. Il en est ainsi des emprunts servant au financement des infrastructures (autoroutes, ports, barrages, chemin de fer, centrale électriques…) ou ayant des impacts sociaux positifs sur les populations. Certains pays comme le Maroc se sont beaucoup endettés vis-à-vis de l’extérieur pour financer des infrastructures qui contribuent aujourd’hui au développement du pays avec des impacts positifs sur la compétitivité du pays dans de nombreux secteurs d’activité.

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