Victimes du terrorisme, les élèves déplacés luttent pour leur éducation dans le nord du Togo (Reportage)

Sous le ciel brûlant de Dapaong, Fataou, 14 ans, un regard empreint de tristesse, confie son désir profond de retrouver sa famille. « J’ai envie de retourner chez mon père. L’école d’ici est difficile », murmure-t-il.

Fuyant la violence des terroristes au Burkina Faso, il a été inscrit dans une école publique togolaise en février 2023. Séparé de sa mère, bloquée à Nadiagou par les groupes armés, il vit désormais avec son oncle maternel. Les conditions de vie précaires compliquent son parcours scolaire, et sans fournitures adéquates, Fataou peine à se concentrer.

Comme lui, des milliers d’enfants déplacés tentent de retrouver une certaine stabilité. En mars 2024, plus de 37 000 réfugiés burkinabés s’étaient installés dans la région des Savanes. Parmi eux, beaucoup d’enfants dont l’éducation a été brutalement interrompue par la menace terroriste. Pour ces jeunes, chaque jour est une épreuve, à commencer par l’accès à l’école.

Abou Z., 12 ans, a lui aussi vu son monde s’effondrer lorsqu’il a dû fuir Kaongho avec ses parents. « Après le premier passage des groupes armés dans notre village, les enseignants ont fui. Seul le directeur est resté », se souvient-il. Désormais à Dapaong, Abou espère entamer le cours moyen cette année, mais le manque d’uniforme et de fournitures complique la situation. « Je rêve d’avoir un cartable pour moi et ma sœur », ajoute-t-il. Ses parents, qui survivent difficilement grâce à de petits travaux, n’ont pas les moyens de subvenir à tous leurs besoins.

Dans des maisons surpeuplées, comme celle où vit Fataou, les conditions d’apprentissage sont déplorables. « Je n’arrive pas à apprendre mes leçons ni à faire mes devoirs. Quand je prends mon cahier, d’autres enfants viennent autour de moi et font du bruit », raconte-t-il. Avec 24 personnes entassées dans une même cour, l’espace et la tranquillité manquent cruellement.

D’autres, comme Mourja, 13 ans, doivent travailler pour soutenir leur famille. « Je vends du soumbala (moutarde de néré), mais à cause de ma santé, je ne peux plus marcher sur de longues distances. C’est donc elle qui fait la vente », explique sa mère, affectée par sa condition. Cela ne laisse à Mourja que peu de temps pour ses études, et elle a dû redoubler cette année.

Malgré les efforts du gouvernement togolais pour construire de nouvelles salles de classe et offrir des repas chauds dans certaines écoles, les besoins demeurent énormes. Les enfants déplacés, victimes du terrorisme, continuent de se battre pour leur éducation dans des conditions précaires.

IciLome avec laabali

Lire l’article original

source