Uranium du Niger : après avoir perdu gros, ce géant de France se prépare-t-il à plier bagage ?

Orano, géant originaire de France, en difficulté au Niger après la perte du permis d’exploitation du gisement d’uranium à Imouraren, semble se diriger vers une sortie du pays. La situation sur sa dernière mine nigérienne, celle d’Arlit, est bloquée, alimentant les spéculations sur un départ imminent.

L’uranium nigérien est au cœur d’un bras de fer entre la France et la junte militaire au pouvoir au Niger.

Et pour cause, depuis le retrait du permis d’exploitation du gisement d’Imouraren en juin 2024, Orano, fleuron français du nucléaire, lutte pour maintenir sa présence sur le site d’Arlit, exploité par sa filiale la Somaïr.

Cependant, la situation s’est envenimée. La production de la mine d’Arlit, d’une capacité de 2 000 tonnes d’uranium par an, est suspendue depuis le 31 octobre. Orano dénonce des entraves à son fonctionnement, notamment l’impossibilité d’approvisionner le site et d’exporter le minerai.

Face à cette impasse, Orano, dirigé par Nicolas Maes, a annoncé lors d’un conseil d’administration le 3 décembre qu’il cessait tout investissement sur le site d’Arlit.

Contacté par nos confrères de Jeune Afrique, le ministère nigérien des Mines serait resté évasif, tandis qu’Orano déplore la dégradation de la situation financière de la Somaïr et accuse la junte d’ »ingérence dans la gouvernance » de sa filiale.

En coulisses, l’hypothèse d’un départ d’Orano se précise. « Le divorce est consommé », aurait confié une source proche du dossier à nos confrères de Jeune Afrique . « Orano n’en peut plus. Le groupe était surtout présent au Niger pour le site d’Imouraren. Maintenant que le permis a été retiré, les 2 000 tonnes annuelles produites par la Somaïr n’ont plus d’intérêt majeur ».

Plusieurs signaux confirment cette rupture. Orano a rapatrié ses cadres français et, selon nos informations, a coupé les accès aux systèmes informatiques du groupe pour les employés de la Somaïr. Officiellement, Orano parle d’une « séparation des réseaux » pour « protéger » ses systèmes, tout en affirmant vouloir « défendre ses droits » et espérer « rétablir un mode de fonctionnement stable et pérenne ».

Ce retrait potentiel d’Orano ouvre la voie à de nouveaux acteurs. La Russie, via son groupe Rosatom, s’intéresse de près aux gisements d’uranium nigériens. Une délégation russe s’est d’ailleurs rendue à Niamey fin novembre, rencontrant les autorités et le ministre des Mines.

L’avenir de l’uranium nigérien s’écrit donc désormais sans Orano. La junte, soucieuse d’affirmer sa souveraineté, semble prête à tourner la page de la coopération historique avec la France dans ce secteur stratégique.

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