Togo- Suspension de Joachim Agbétim: Indignation et appels à l’action de la société civile

La suspension de Joachim Agbétim et de son émission “Auditeur Actualité” par la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) suscite toujours des réactions, surtout que cette émission radiophonique est l’une des plus suivies à Lomé. Dans une déclaration, des acteurs de la société civile s’indignent et condamnent cette décision de la HAAC. Ils interpellent la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) à agir contre ce musellement de la presse privée. Lisez !

Déclaration des organisations de la société civile relative aux sanctions de la HAAC contre  Radio Victoire FM et son Rédacteur en chef Joachim Agbétim 

1. Les organisations de la société civile togolaise sont vivement préoccupées par la  récurrence des entraves à la liberté de presse et la persécution des journalistes des médias  privés au Togo. Le lot des médias et journalistes victimes des abus du pouvoir politique  n’a pas cessé d’accroître, et nombre d’entre eux ont été contraints à l’exil sans oublier  ceux qui sont arrêtés et constamment jetés en prisons dans le cadre de l’exercice de leur  profession. 

2. Depuis plusieurs mois, les attaques terroristes font d’énormes pertes en vies humaines  dans les rangs de nos Forces de défense et de sécurité, des déplacés de masse des  populations civiles dans la région de la savane au nord du Togo. Les autorités togolaises et  les médias d’État sont restés silencieux, indifférents, insensibles et insoucieux de la  situation que vivent nos militaires et les populations face à l’extrémisme violent. Seuls les  médias privés ont le courage, et dans des conditions de travail très difficiles déjà,  d’informer l’opinion sur la situation que vivent nos populations dans le nord du Togo. 

3. Le jeudi, 25 juillet 2024, Radio Victoire FM a reçu l’ancien ministre de la sécurité, Maître  François Akila-Esso BOKO en exil depuis 2005, qui a, lors de l’émission « AuditeurActualité », relever les causes profondes et le malaise général des attaques terroristes  contre le Togo depuis 2021, notamment la « diplomatie à l’attrape-tout » des autorités  togolaises dans le dessein de masquer la gestion chaotique des ressources de l’État, le  refus d’équiper adéquatement et de manière efficiente nos militaires qui sont sur les  théâtres d’opération. Ces vérités qui sont servies à l’opinion n’ont visiblement pas plu aux  autorités togolaises qui cherchent à faire de la diversion et à semer de la confusion dans  les esprits ; en instrumentalisant la HAAC pour jeter leur dévolu sur la Radio et son  personnel. Ces vérités qui sont servies à l’opinion n’ont visiblement pas plu au régime en  place qui cherche à faire de la diversion et à semer de la confusion dans les esprits ; en  instrumentalisant la HAAC pour jeter leur dévolu sur la Radio et son personnel. 

4. Les organisations de la société civile condamnent fermement ces sanctions arbitraires qui  ne sont que le reflet d’un pouvoir autoritaire et narcissique au sommet de l’État, hostile et  réfractaire à tout débat contradictoire. 

5. Les organisations de la société civile demandent la levée immédiate et sans condition de  ces sanctions et la cessation de toutes les autres formes de harcèlement, de musellement et  de torture morale psychologique contre les journalistes et les médias dont les lignes  éditoriales sont critiques vis-à-vis de la gestion calamiteuse des richesses du pays. 

6. Les organisations de la société civile exigent du chef de l’État et ses collaborateurs de  mettre rapidement à la disposition des militaires qui sont sur les théâtres des opérations le  matériel adapté aux combats, de bonnes conditions de vie et de travail à travers des  salaires et primes à la hauteur des risques encourus, et une meilleure prise en charge des  blessés et des familles des militaires qui sont décédés du terrorisme. 

7. Les organisations de la société civile invitent également le gouvernement à prendre en  considération les remarques pertinentes de l’ancien ministre de la sécurité par l’organisation d’un hommage national mérité et digne de ce nom aux militaires qui  tombent au champ d’honneur. 

8. Les organisations de la société civile invitent les nouveaux commissaires de la  Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) à se départir de leurs « chapelles et  parrains politiques » et de la peur en vue d’accomplir leurs obligations conformément à  leur mandat et pour lesquelles ils sont appelés et payés avec l’argent du contribuable. Il est  inadmissible que la CNDH soit indifférente à toutes les formes de violations des droits de  l’homme dans le pays, notamment le musellement de la presse privée, les arrestations et  détentions abusives et arbitraires, les contraintes à l’exil… 

9. Enfin, les organisations de la société civile viennent apporter tout leur soutien à toute la  diaspora qui, depuis sa position, œuvre pacifiquement, inlassablement et légalement pour  faire renaître l’espoir dans la longue lutte pour la libération du Togo du joug de la  dictature héréditaire qui se monarchise. 

Fait à Lomé, le 28 juillet 2024 

Pour les Organisations,

M. Daguerre K. AGBEMADOKPONOU (ALCADES)

M. Monzolouwè B. E. ATCHOLI KAO (ASVITTO)

M. Christophe Komlan TETE (GAGL)

M. Bassirou TRAORE (GCD)

M. Koffi DANTSEY (GLOB)

M. Poro EGBOHOU (FDP)

Dr Emmanuel H. SOGADJI (LCT)

Me Célestin Kokouvi G. AGBOGAN (LTDH)

Me Raphaël N. KPANDE-ADZARE (MCM)

M. Issaou SATCHIBOU (MJS)

M. Bertin BANDIANGOU (SEET)

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