À peine deux sessions entamées à la nouvelle Assemblée nationale, l’opposition (très minoritaire) se trouve déjà confrontée à coup de force de la part de la majorité présidentielle. La nouvelle constitution est au cœur de cette controverse.
En effet, le 21 mai 2024, au cours de la séance inaugurale, et conformément à l’ordre du jour proposé et adopté par l’Assemblée, la liste de l’ensemble des 113 élue a été communiquée ainsi qu’un résumé des recours présentés contre les résultats proclamés et des décisions de rejet de la Cour. Au point suivant relatif à l’adoption du règlement intérieur, une commission de 19 membres (16 députés UNIR et 3 de l’opposition) a été mise en place pour étudier un projet de règlement intérieur avant de le soumettre à la plénière.
C’est ainsi dès la suspension de la plénière, une première réunion de la commission a été demandée pour établir les modalités de fonctionnement. Après délibération, les élus de l’ADDI et de la DMP ont convenu d’envoyer Monsieur Wonyran, représentant de l’ADDI, à cette rencontre. Cependant, ils ont été pris de court lorsque, avant même son arrivée, les membres UNIR de la commission ont décidé de débuter l’examen du règlement intérieur. Poursuivant les travaux de l’examen du règlement intérieur, Monsieur Wonynran a remarqué que les membres d’UNIR se fondent sur la nouvelle constitution promulguée le 6 mai 2024 pour déterminer son contenu. Immédiatement, le député de l’ADDI s’est vigoureusement opposé à cette démarche, soulignant que les élections législatives ont été menées conformément à la Constitution de 1992. Et qu’il serait aberrant d’aligner le règlement intérieur sur une autre constitution. Mais comme on pouvait s’y attendre, la commission n’a pas pris en compte ses observations.
Ce premier bras de fer autour du règlement intérieur est un signe avant-coureur de la bataille qui attend l’opposition à cette assemblée monocolore où la mouvance présidentielle détient les 95% des sièges.
Bien que ne disposant que d’un seul siège, la députée Mme Adjamagbo-Johnson de la DMP se dit prête à relever le défi, surtout avec le concours de ses deux collègues de l’ADDI.
Pour l’heure, les partis de l’Alliance Nationale pour le Changement et des Forces Démocratiques pour la République, détenant chacun un seul siège, refusent de siéger à ce parlement.