Togo- Opinion/Prof. Apedo-Amah: Refuser le piège du débat sur la constitution frauduleuse de la présidence à vie

REFUSER LE PIÈGE DU DÉBAT SUR LA CONSTITUTION FRAUDULEUSE DE LA PRÉSIDENCE À VIE. ELLE DOIT ÊTRE SUPPRIMÉE TOUT SIMPLEMENT

Le régime militaire des Gnassingbé, en perpétrant un énième coup d’État institutionnel, le 25 mars 2024, à travers l’exhibition magique d’une constitution consacrant un régime parlementaire, est demeuré dans sa logique putschiste: faire croire qu’une odieuse dictature rétrograde est une démocratie. Faire semblant. Dans toute démocratie qui se respecte, lorsque l’on change de constitution, celle-ci donne lieu à de longs débats avant que le peuple ne soit invité à voter lors d’un référendum. Face à la fronde du peuple vis- à-vis de cette escroquerie politique, le dictateur invite son assemblée nationale illégitime à une relecture de sa constitution. Relecture qu’il faut comprendre comme une dictée préparée de l’école primaire. Pourquoi refuser tout débat ? L’accepter, est une forme de caution au putsch institutionnel. Il faut exiger le retrait pur et simple de ce torchon. C’est tout. Le piège réside dans le fait que, ayant accepté de débattre comme en démocratie, les forces démocratiques seraient enfermées dans une logique de la réforme avec des amendements de détails bidon.

L’organisateur serait à la fin joueur et arbitre pour “voter” le même torchon digne d’un papier-cul au nom du débat démocratique qui aboutit au choix de la majorité. Les protestations des démocrates n’y feront rien. Les antidémocrates au pouvoir les accuseront de refuser les règles de la démocratie. Ceux qui ne maîtrisent pas bien les rouages d’une dictature doivent comprendre qu’elle fonctionne dans le mensonge. Dans une dictature, il faut toujours faire semblant. Faire toujours croire le contraire de ce que l’on fait. Faire passer des mascarades électorales pour des élections démocratiques; jurer fidélité à la constitution tout en la foulant aux pieds; exhalter les libertés publiques en réprimant les activités des partis politiques et des organisations de la société civile. Les médias censurés ou fermés, les journalistes embastillés, la centaine de prisonniers politiques et d’opinion, tout ça, c’est la version RPT de la démocratie. Toujours faire semblant. D’aucuns pensent qu’il faut affronter les despotes dans des débats médiatiques pour les ramener à leur petitesse. Leur petitesse qui est réelle et légendaire ne sera une révélation pour aucun Togolais.

Ces gens s’en fichent. L’essentiel pour eux, c’est de vendre leur camelote de débat à la communauté internationale et à quelques naïfs pour faire accroire que débat démocratique il y a eu. Et que donc leur coup d’État institutionnel est un exemple de pratique démocratique. Toujours faire semblant.

L’autre escroquerie autour du discours des despotes, consiste à mettre en avant des professeurs de droit pour la valider scientifiquement. Le juridisme de pacotille qui fait passer une tyrannie pour une démocratie est une honte qui rabaisse ceux qui s’adonnent à ce jeu puérile et dégoûtant alors même qu’ils maîtrisent le droit et forment des étudiants dans cette discipline. Le charlatanisme juridique est une grotesque caricature du droit, une forfaiture. Faire semblant. Toujours. Nous nous occuperons des cas de ces universitaires enseignants de droit en temps voulu. Il y a d’autres urgences pour l’heure. Nous l’avons déjà fait par le passé à propos du troisième mandat illégitime de Faure Gnassingbé cautionné par des charlatans universitaires stipendiés au service d’un régime liberticide. C’est triste pour notre pays et l’université togolaise déjà si mal en point. Plus gros est le mensonge, plus il prend l’apparence de la vérité. Faire semblant et mentir. Convertir le mensonge en vérité en le martelant et en le répétant inlassablement comme un perroquet.

Refusons le piège du débat. Une dictature ne croit qu’à la force et à la violence. Si elle parle de débat, c’est fondamentalement contre sa nature. Il s’agit d’une escroquerie politique pour vendre sa camelote antidémocratique.

Cette merde de constitution ne doit pas passer.

Vigilance!

Ayayi Togoata APÉDO-AMAH

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