Le nouveau président de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) parle de l’environnement et des droits de l’homme à travers cet entretien accordé à la Rédaction.
Vous êtes à la tête de la Commission depuis quelques semaines. Dites-nous comment se porte l’institution et ce qu’elle fait concrètement.
Je vous remercie de l’opportunité que vous m’offrez à l’occasion de la journée nationale de l’arbre et de la journée mondiale de l’environnement, pour m’adresser aux populations.
Je préside la CNDH depuis le 26 avril 2024, mais il faut préciser que j’étais dans le bureau sortant en tant que vice-président, en charge du Mécanisme national de prévention de la torture (MNP) depuis 2019. Je peux donc dire que la CNDH se porte très bien.
En effet, elle est un mécanisme national de promotion et de protection des droits de l’homme créée depuis 1987 et consacrée par la Constitution en 1992.
Les missions principales de la CNDH consistent à promouvoir et protéger les droits de l’homme ; prévenir la torture et d’autres formes de traitements cruels, inhumains ou dégradants dans les lieux de privation de liberté ou tout autre lieu qu’elle a identifié et protéger les défenseurs des droits de l’homme.
Le 1er et le 5 juin sont des journées dédiées à l’environnement. Quel sens la CNDH donne à ces journées ?
Ces deux journées symbolisent l’importance cruciale de prendre soin de notre environnement et de préserver notre écosystème pour les générations futures en limitant les impacts négatifs de l’activité humaine sur l’environnement.
Le 1er juin a été institué depuis 1977 au Togo comme journée nationale de l’arbre suite à la Conférence des Nations Unies sur l’environnement tenue à Stockholm en juin 1972. Elle est l’une des politiques nationales environnementales dédiée au reboisement et à la promotion de l’espace vert en générale. A cette date chaque citoyen est invité à planter des arbres pour symboliser le reboisement et le développement durable quand on sait que la diversification forestière est une condition sine qua non pour l’équilibre biologique dans un milieu naturel et pour réguler le climat et aussi conserver les ressources hydriques dans une zone donnée.
En 1972, l’Assemblée Générale des Nations Unies avait déjà consacré le 5 juin comme Journée mondiale de l’environnement (JME). Elle vise à sensibiliser le public et à célébrer les actions en faveur de l’environnement. Au fil des années, cette journée est devenue une plate-forme mondiale facilitant la sensibilisation et la prise d’initiatives pour répondre aux défis urgents, qu’il s’agisse des sécheresses ou des inondations, de la pollution marine, de la montée du niveau de la mer, de la production et consommation durables ou de la criminalité contre la vie sauvage et la biodiversité, du réchauffement climatique etc.
Est-ce qu’il existe une relation entre les droits de l’homme et l’environnement ?
Les droits de l’homme et l’environnement sont étroitement liés. L’environnement englobe l’homme et son milieu ; c’est un élément essentiel pour la vie et le bien-être des individus. La protection de l’environnement est un droit humain en soi. Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a reconnu le 21 octobre 2021, pour la première fois, que disposer d’un environnement propre, sain et durable est un droit humain. Ainsi, dans sa résolution 48/13, le Conseil a appelé les États du monde entier à travailler ensemble, et avec d’autres partenaires, pour mettre en œuvre ce droit nouvellement reconnu. Car, garantir un environnement sûr, propre, sain et durable est essentiel pour assurer la pleine jouissance des droits notamment, le droit à la vie, le droit au meilleur état de santé physique et mentale possible, le droit à un niveau de vie suffisant, le droit à une nourriture suffisante, le droit à l’eau potable et à l’assainissement, le droit au logement, le droit de participer à la vie culturelle, le droit au développement et le droit à un environnement sain. Au niveau régional, il faut souligner que l’article 24 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples de 1981 dispose que ” Tous les peuples ont droit à un environnement satisfaisant et global, propice à leur développement“.
En définitive, l’homme, pour satisfaire ses besoins physiologiques, interagit avec le milieu qui lui est nécessaire pour vivre. L’eau qu’il boit, l’air qu’il respire, la nourriture qu’il mange proviennent tous de son environnement immédiat. Tout ce qu’il consomme ou produit a une empreinte foncière. Il est donc primordial de promouvoir et protéger le droit à un environnement sain, en tant que condition préalable à la réalisation de l’ensemble des droits humains.
Comment les problèmes environnementaux peuvent-ils affecter les droits de l’homme et quelles sont les principales menaces pour l’environnement et les droits de l’homme à l’heure actuelle ?
Les droits de l’homme et l’environnement étant étroitement liés, les problèmes environnementaux ont du coup un impact négatif sur les droits de l’homme de plusieurs façons.
Par exemple, la pollution de l’air et de l’eau peut causer des problèmes de santé, ce qui affecte le droit à la santé. La dégradation de l’environnement peut également causer des pertes économiques et sociales, comme la perte de ressources naturelles essentielles pour la subsistance et le bien-être de l’homme.
Les principales menaces pour l’environnement et les droits de l’homme sont la déforestation, la pollution, le réchauffement climatique, la surpêche, la surexploitation des ressources naturelles et la dégradation du sol. Ces problèmes ont des conséquences graves sur l’économie, la santé et la culture des communautés locales comme cela a été exposé précédemment et constituent la source de l’impact disproportionné du changement climatique sur les populations les plus vulnérables.
Depuis quelques années, la CNDH participe à la journée nationale de l’arbre et à la journée mondiale de l’environnement en plantant des arbres ; quel est l’impact de ces journées sur la protection de l’environnement au Togo ?
En apportant sa modeste contribution à la célébration de ces deux journées, la Commission nationale des droits de l’homme entend promouvoir les droits humains liés à l’environnement. A l’occasion, elle collabore avec les autres institutions et organisations de la société civile pour sensibiliser sur plusieurs questions en lien avec l’environnement.
Quel message la CNDH souhaite transmettre à la population ?
Le message de la CNDH est simple et clair : “Protéger l’environnement, c’est protéger les droits humains de tous”. En effet, en prenant soin de notre planète, nous préservons notre santé, notre bien-être et notre vie. S’il n’est pas possible de remonter le temps, il est possible de faire pousser des forêts, faire revivre les sources d’eau et faire revenir les sols. Chacun de nous a un rôle à jouer pour contribuer à la protection de l’environnement et à la promotion des droits humains.
Je dirais aux jeunes générations que la protection de l’environnement et la promotion des droits de l’homme sont deux causes à la fois importantes et interdépendantes. Comme des citoyens responsables et des leaders du futur, il est essentiel qu’ils comprennent et agissent sur ces questions indissociables.
Les jeunes générations peuvent utiliser leurs compétences et leurs talents innovants pour soutenir et promouvoir la protection de l’environnement et la promotion des droits de l’homme. Cela peut inclure des initiatives de sensibilisation, des campagnes de financement ou de mobilisation, des projets visant à améliorer la qualité de vie de leurs pairs.
Les jeunes générations peuvent également encourager leurs amis, leurs familles et leurs communautés à prendre des actions pour la protection de l’environnement et la promotion des droits de l’homme.
Chaque action, aussi petite soit-elle, peut faire une différence. Ensemble, garantissons un avenir durable pour nous-mêmes et pour les générations à venir. Alors agissons ensemble dès aujourd’hui pour un monde meilleur pour tous.
Votre mot de la fin
Pour conclure je voudrais rappeler ici quelques bienfaits de l’arbre. En effet, il est un producteur d’oxygène à travers la photosynthèse de séquestration du dioxyde de carbone, un purificateur d’air, une source de vie ainsi qu’un générateur de pluie.
Les arbres luttent contre l’érosion du sol, ils améliorent la qualité de l’eau, ils atténuent les écarts de température, ils apportent du réconfort à un paysage urbain trop stressant, et rehaussent la beauté des résidences.
Une grande partie de nos aliments et des produits pharmaceutiques que nous consommons provient d’extraits de substances végétales. Parmi les remèdes les plus connus, mentionnons l’Aspirine qui est fabriquée à partir d’écorces de saule.
Sur le plan de l’économie par exemple, la production fruitière constitue une source de revenus importante pour leurs exploitants. Ils sont un moteur économique indéniable et sont par conséquent générateurs d’emplois.
Vous convenez alors avec moi que la préservation et la protection de notre environnement (planète) est l’affaire de tous. Ensemble, mobilisons-nous pour la restauration des terres, l’arrêt de la désertification et le renforcement de la résilience à la sécheresse. Tel est d’ailleurs le thème autours duquel se concentre la commémoration de la journée mondiale de l’environnement édition 2024.
Je vous remercie !