Ce 17 avril 2024, une délégation des partis du front « Touche pas A Ma Constitution » a participé à une séance de travail réunissant les partis extra-parlementaires et la mission d’information de la CEDEAO conduite par l’expert indépendant, Maman Sambo Sidikou. Un entretien dans la vérité.
Selon les explications que nous avons reçues lors de cette séance de travail, il s’agit d’une mission d’information dans le cadre du processus électoral en cours au Togo. En effet, alors qu’il n’est pas dans le protocole de la CEDEAO d’observer les élections législatives, sauf dans les pays au régime parlementaire, le gouvernement togolais a sollicité cette observation pour les élections législatives et régionales du 29 avril. C’est en prélude à cette éventuelle observation des élections que la présente mission d’information a été organisée par la CEDEAO.
Le changement de Constitution dénoncé
Tout en appréciant à sa juste valeur la nature de leur mission, nous avons souligné que la CEDEAO ne peut pas organiser à l’heure actuelle une mission d’ordre politique au Togo, sans se pencher sur la question qui préoccupe le plus les Togolais, à savoir le changement de Constitution.
Nous avons donc expliqué pourquoi les Togolais rejettent dans leur grande majorité ce changement constitutionnel, en soulignant que :
– Le gouvernement n’a pas respecté le protocole additionnel de la démocratie et de la bonne gouvernance de la CEDEAO qui interdit toute modification de la Constitution dans les six mois précédent une élection, sauf en cas de consensus.
– Les députés qui ont voté ladite loi ont terminé leur mandat depuis 3 mois.
– Le texte constitutionnel n’a pas été présenté aux Togolais.
– Le vote de la loi a été fait dans la nuit du 25 mars, alors que les Togolais n’avaient jamais été consultés sur le sujet.
– Selon la Constitution en vigueur, certains articles ne peuvent être modifiés que par référendum.
Des élections faussées à l’avance
Nous avons également révélé les difficultés liées à l’organisation des élections, en soulignant notamment que :
– L’inscription sur les listes électorales a été escamotée.
– Le fichier électoral n’est pas fiable.
– Les entraves à la liberté d’association et de réunion sont fréquentes.
– L’élimination fantaisiste de listes de l’opposition.
– Le manque d’équité dans le fonctionnement de la CENI et de la Cour Constitutionnelle, ces institutions étant sous contrôle de l’Exécutif.
– L’interdiction faite aux médias de publier les résultats par bureau de vote, alors que les résultats sont affichés dans les bureaux de vote.
Nous avons également exprimé notre étonnement au sujet des deux communiqués définissant de manière contradictoire les contours de la mission.
Appel solennel à la CEDEAO
Notre délégation a par ailleurs indiqué à la mission que la CEDEAO avait une dette envers les Togolais. Nous avons ainsi rappelé le rôle que la CEDEAO a joué en 2005, lors du coup d’Etat ayant porté Faure Gnassingbé au pouvoir, ainsi que la facilitation qu’elle a menée lors des grandes manifestations de 2017/2018 contre le pouvoir. Pendant ces deux événements, le concours de la CEDEAO a renforcé l’emprise du régime sur le pouvoir, conformément à ce que retiennent les Togolais.
Selon la mission de la CEDEAO, un rapport sera adressé au Président de la Commission et les hautes instances de l’organisation décideront de l’opportunité d’envoyer une mission d’observation des élections et des suites à donner aux préoccupations que nous avons répertoriées.
Nous exhortons la CEDEAO à saisir cette opportunité pour poser les premiers jalons qui marqueront le début de sa marche vers la CEDEAO des peuples.
Les Togolais en ont besoin, tout comme tous les autres citoyens de l’espace communautaire.
Le front appelle également tous les citoyens à rester mobilisés pour défendre la souveraineté populaire bafouée.
Fait à Lomé le 17 avril 2024
DMP – Dynamique pour la Majorité du Peuple (CDPA, DSA, Le NID, LA RACINE, MJS, FDP, GAMESSOU, BINDJEGUE BINDJE, LES ADMIS, ALCADES et personnalités)
ADDI
LES DEMOCRATES
CAR Transition
UDS-Togo
PARTI DES TOGOLAIS
SANTE DU PEUPLE