Togo- L’ANC persiste et signe qu’elle ne siégera pas à la nouvelle Assemblée

Devant la presse ce vendredi à Lomé, les responsables de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) ont réitéré leur position de ne pas siéger à la nouvelle Assemblée nationale. Dans leur déclaration liminaire, ils précisent qu’ils n’entendent ménager aucun effort pour combattre la double imposture de la mascarade électorale du 29 avril 2024 et de la Constitution. Lecture.

CONFERENCE DE PRESSE

L’ANC ne siègera pas à la nouvelle Assemblée nationale

Déclaration liminaire

Lors de sa conférence de presse tenue, le 15 mars 2024, l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) donnait à l’opinion nationale et internationale, la toute première alerte sur le texte d’une nouvelle constitution clandestinement à l’étude par la commission des lois de l’Assemblée nationale.

L’ANC se posait ainsi comme la première force politique à rejeter sans appel cette initiative perfide en la dénonçant et en la condamnant avec force, parce qu’elle constitue un acte de félonie et de haute trahison envers le peuple togolais souverain, une forfaiture gravissime.

Voilà pourquoi l’ANC appelait le chef de l’Etat et le RPT/UNIR à la raison, en leur demandant d’abandonner immédiatement l’initiative en cours pour changer la Constitution de notre pays dans le seul but de se maintenir indéfiniment au pouvoir.

Le 14 mai 2024, lors de sa conférence de presse postélectorale l’ANC a rejeté avec force tous les résultats, faux et frauduleux, au demeurant incohérents et ridicules proclamés par la CENI puis confirmés par la Cour Constitutionnelle et la Cour Suprême.

De fait, tout le processus électoral s’est déroulé suivant un timing parfaitement synchronisé avec l’autre imposture, le vote en catimini de la prétendue nouvelle constitution. Ainsi, le recensement électoral délibérément bâclé, le découpage électoral ségrégationniste, le refus de la mise aux normes des institutions en charge des élections, la prolongation inopportune et illégale du mandat des députés sortants, les multiples reports des élections législatives finalement organisées hors délai constitutionnel, les achats de consciences et les fraudes massives, la publication de résultats entièrement préfabriqués, l’embargo total sur le texte de la prétendue nouvelle constitution, délibérément caché aux populations, adopté clandestinement et ultérieurement soumis à de multiples tripatouillages entre la promulgation et la publication au Journal Officiel…tout cela pour consacrer un pouvoir débridé, sans limite, un pouvoir absolu.

Le RPT/UNIR aura tout fait pour forger un système politique bâtard, qui lui permet de s’attribuer à tous les coups, tous les sièges de l’Assemblées nationale et de faire élire le chef de l’exécutif tous les six ans, par le parti majoritaire, donc le RPT/UNIR, un système qui offre une voie de contournement de la limitation des mandats et permet à Faure Gnassingbé de demeurer au pouvoir ad vitam aeternam.

Au total, les Togolaises et les Togolais auront compris que dans le seul but de se maintenir indûment et indéfiniment au pouvoir, Faure Gnassingbé et le régime RPT/UNIR tentent de restaurer et d’institutionnaliser la dictature du parti unique, parti-Etat que le peuple togolais souverain a congédiée par l’adoption de la Constitution de 1992.

L’ANC réitère avec force son total rejet du processus électoral du 29 avril 2024 émaillé de violences et de fraudes en tous genres ainsi que les résultats entièrement préfabriqués proclamés par des institutions partisanes et exige la reprise de ces élections.

L’ANC réitère également et avec autant de force, son total rejet de la constitution “pirate” sortie de nulle part comme par magie, pour s’appliquer en lieu et place de la Constitution actuelle du 14 octobre 1992, encore légalement en vigueur.

Au demeurant, contraindre la nouvelle Assemblée nationale, élue sous la Constitution actuelle du 14 octobre 1992, à fonctionner suivant cette constitution pirate, relève d’une cécité intellectuelle et d’une indigence juridique aggravée.

En effet, les conditions d’adoption, de promulgation et de publication de la nouvelle Constitution bafouent outrageusement la souveraineté du peuple togolais consacrée par la Constitution de 1992, le Peuple souverain ayant été tenu à l’écart de tout le processus de changement de Constitution.

En outre, nul ne saurait obliger l’opposition à siéger à cette Assemblée au prétexte que c’est le peuple qui l’y a envoyée. Car le Peuple n’a envoyé personne à l’Assemblée nationale sous l’égide d’une constitution perfide qui ne le concerne pas et encore moins pour aller siéger en application de cette constitution, issue d’un coup d’Etat constitutionnel ubuesque.

Enfin, il est totalement incohérent de rejeter sans appel la Constitution frauduleuse de Faure Gnassingbé et de siéger dans le même temps dans la nouvelle Assemblée que le RPT-UNIR tente de faire fonctionner sous l’empire de cette nouvelle Constitution.

Les temps sombres que traverse notre pays, victime d’un coup d’Etat constitutionnel, renforce l’ANC dans ses convictions que les prises de positions courageuses et claires, accompagnées d’un langage tout aussi clair et exempt de toute duplicité, contribuera à une mobilisation effective et active contre la forfaiture du changement de Constitution.En raison de tout ce qui précède, l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), ne siègera pas à la nouvelle Assemblée nationale.

L’ANC n’entend ménager aucun effort pour combattre la double imposture de la mascarade électorale du 29 avril 2024 et de la constitution pirate rendue publique le 06 mal 2024, sous 2 versions différentes dont l’une occulte le chapitre relatif au prédisent de la République !

Les violations permanentes de la Constitution, des lois et des droits humains, l’arbitraire et la duplicité, la falsification et le mensonge, la violence gratuite et l’impunité, les inégalités, les visées ségrégationnistes et le tribalisme, doivent être dénoncés, condamnés et rigoureusement combattus, sans répit, sur la terre de nos aïeux.

L’ANC demeure, plus que jamais, engagée aux côtés des populations togolaises, pour redonner à notre pays le sens de la République et du patriotisme, le sens des valeurs éthiques qui fondent la justice, les droits et libertés publiques et le respect des principes de la démocratie, de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance.

L’ANC demeure, plus que jamais, engagée aux côtés des populations togolaises, pour retrouver les nobles vertus de l’honneur et de la dignité, le noble chemin de l’indépendance et de la souveraineté nationale.

L’ANC demeure, plus que jamais, engagée aux côtés des populations togolaises, pour tenir la résistance, poursuivre la lutte et libérer notre cher pays le Togo, des griffes de la dictature.

Fait à Lomé le 31 mai 2024

Pour

le Bureau National

Le Président

Jean-Pierre Fabre

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