Au Togo, rares sont les opposants qualifiés de radicaux qui osent rester dans le pays pour affronter le régime cinquantenaire des Gnassingbé. La majorité d’entre eux, sous pression, ont choisi la voie de l’exil pour poursuivre depuis la diaspora leur combat pour l’alternance politique. Parmi ceux qui continuent de tenir tête au régime figure Jean-Pierre Fabre, ancien chef de file de l’opposition et leader emblématique de l’Union des Forces de Changement (UFC), puis de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC).
Samedi dernier, lors d’une rencontre organisée au siège de son parti à Lomé, Jean-Pierre Fabre a ouvertement évoqué les épreuves qu’il endure en choisissant de rester au Togo. Celui qui a abandonné sa nationalité française en 2015 pour pouvoir se présenter à l’élection présidentielle – un scrutin où il a essuyé une défaite contestée – a révélé vivre sous la menace constante. « Je ne peux même pas compter le nombre de fois où j’ai été menacé de mort ou victime de traitements dégradants », a-t-il confié, dénonçant les intimidations venant des soutiens du régime.
Malgré ces pressions, Jean-Pierre Fabre refuse de céder à l’idée de l’exil. L’ancien chef de file de l’opposition n’a pas hésité à critiquer ces exilés, particulièrement ceux qui, depuis la diaspora, s’en prennent à ceux qui ont choisi de rester sur le terrain. « Quitter le pays et rester dans la diaspora pour dénigrer ceux qui n’ont pas fui, c’est faire preuve de la plus grande lâcheté », a-t-il déclaré avec fermeté.
Cette sortie est une réponse aux reproches de certains Togolais de l’étranger qui accusent les leaders politiques restés au Togo de compromissions ou d’inefficacité dans leur combat contre le régime.
Pour Jean-Pierre Fabre, ces critiques sont injustes et témoignent d’une méconnaissance des réalités auxquelles les opposants sur place sont confrontés. Il estime que les sacrifices qu’il consent – au péril de sa sécurité et de sa dignité – devraient être reconnus à leur juste valeur.