Les responsables des Forces Démocratiques pour la République (FDR), lors d’une conférence de presse tenue ce lundi au siège du parti à Lomé, ont mis en lumière les nombreuses irrégularités entourant le double scrutin. Ils ont dénoncé l’achat de conscience, le bourrage d’urnes, les radiations d’électeurs et les violences exercées sur des délégués des candidats de l’opposition. Me Apevon et ses collaborateurs rejettent les résultats provisoires de la CENI et appellent les Togolais à prendre conscience de la situation désastreuse dans laquelle les Gnassingbé plongent le pays.
Déclaration liminaire
Après la publication des résultats de la grande mascarade électorale, le parti Forces Démocratiques pour la République (FDR) tient à rendre publique sa position sur la tragi-comédie qui nous a été servie par la mafia qui dirige notre pays.Avant tout propos à ce sujet, rendons gloire à Dieu le Tout Puissant pour nous avoir protégés dans nos déplacements durant la campagne électorale harassante de quinze jours et le jour du scrutin.
Le parti FDR remercie ses candidats, leurs équipes de campagne, tous les militantes et militants pour les sacrifices consentis.Il remercie également les autres partis politiques de l’opposition pour avoir fait respecter le pacte de non-agression conclu entre nous. Cela constitue le germe d’un rapprochement de nos partis dans les jours à venir.
Le parti FDR dit enfin un merci particulier à tous les Togolaises et Togolais qui se sont déplacés pour aller accomplir leur devoir citoyen et qui ont accepté de porter leur choix sur ses candidats.
Malgré les résultats préfabriqués pour toute l’opposition, nous sommes fiers du travail accompli par nous tous, un travail de réveil de conscience de nos concitoyens.
En effet, les élections législatives étaient annoncées pour renouveler l’Assemblée Nationale et remplacer les députés arrivés en fin de mandat lorsque ces derniers ont décidé, à la surprise générale, de changer notre constitution sans aucune consultation du peuple au nom duquel ils prétendent agir. Quel sacrilège !
Ils ont commis un crime imprescriptible de haute trahison.
Les manifestations lancées dans la foulée par l’ensemble de l’opposition pour dire non à ce énième coup d’Etat constitutionnel de Faure GNASSINGBE ont été étouffées par un impressionnant déploiement des forces de sécurité.
Nous étions alors confrontés à un dilemme. Boycotter les élections ou profiter des espaces que nous ouvre la campagne électorale pour aller au contact des populations et à travers nos messages susciter leur indignation face à la grande forfaiture orchestrée en leur nom et à leur insu.C’est finalement cette dernière option que nous avons choisie et qui nous a permis de rencontrer nos compatriotes dans tous les confins du territoire national et de les éclairer abondamment sur le danger que court notre pays si rien n’est fait pour arrêter à temps la dérive totalitaire aux relents dynastiques des charognards qui sont à la tête de notre pays, celle de faire du Président Faure GNASSINGBE un monarque à vie pour le Togo.
Nous savions que notre choix de participer aux élections comportait d’énormes risques à cause de l’appel au boycott de certains de nos compatriotes et des fraudes que vont certainement organiser la bande de copains et de coquins qui ont pris notre pays en otage.
C’est pourquoi, au cours de notre campagne électorale, nous avons clairement et sans détour demandé aux populations de se mobiliser massivement pour aller sanctionner dans les urnes les prédateurs.
Nous n’avions jamais imaginé que les fraudes pouvaient atteindre une telle ampleur, un tel degré de barbarie, une telle bestialité qui dépassent l’entendement humain:
accès aux salles de vote refusé aux délégués des candidats de l’opposition malgré les mandats qui leur ont été régulièrement délivrés
bourrages d’urnes à dimension exponentielle et à visage découvert dans la plupart des bureaux de vote, (exemples des villages de Kpéyidji, Klologo, Adjodogoun, Yohonou, Mamissi, etc… dans la circonscription électorale de Vo où les urnes ont été remplies avant l’heure officielle d’ouverture des bureaux de vote)
utilisation à grande échelle de bulletins pré-votés (des électeurs ont été surpris avec plusieurs bulletins déjà votés avant leur entrée dans les bureaux de vote. La vidéo montrant le proviseur du lycée de Kara avec des bulletins pré-votés dans la poche en dit long).
avec la complicité des membres des bureaux de vote et malgré la protestation de nos délégués, des électeurs ont refusé, après leur vote, de mettre le doigt dans l’encre indélébile, ce qui participe à la stratégie de vote multiple par un seul individu.
vote par dérogation à profusion. A cet effet, des procurations ont été signées à blanc par des présidents de CELI et remises à des candidats UNIR qui les ont utilisées abondamment (Exemple du village de Dagbati dans le Vo)
violences exercées sur des délégués de candidats de l’opposition suivies parfois de leur expulsion des bureaux de vote dans plusieurs circonscriptions électorales. radiation de plusieurs électeurs par endroits, notamment à Lomé, qui ne l’ont appris que le jour du vote.
suite à la création de nouveaux bureaux de vote par la CENI, plusieurs électeurs, après de multiples va-et-vient, n’ont pas retrouvé leur nom sur aucune des listes et sont rentrés chez eux sans avoir voté.
achat de consciences des électeurs à grande échelle. Dans plusieurs localités, des personnes dont des chefs de villages et de cantons remettaient de l’argent à des électeurs lorsqu’ils leur prouvent par des photos prises dans les bureaux de vote qu’ils ont voté pour UNIR.
intimidations multiformes des électeurs;
des individus assis à côté des isoloirs orientent les électeurs à voter pour UNIR
absence du logo de notre parti FDR sur la liste des élections régionales dans la circonscription électorale de l’Avé etc…
Des membres de la CENI, des CELI, des Chefs Cantons et de villages, tous les candidats de UNIR et les militants de ce parti, des agents des forces de sécurité ont participé à ce holdup électoral.
Ce qui s’est passé est tout sauf une compétition électorale pluraliste.
A qui peut-on faire croire qu’après plus de 19 ans de gouvernance chaotique, empreinte de corruption à tous les niveaux, avec la non satisfaction des besoins élémentaires des populations, UNIR est si aimé par les Togolais qu’ils lui ont donné presque la totalité des députés au cours des élections législatives.
C’est démentiel! C’est ubuesque!
Ces gens-là ne connaissent pas la honte.
C’est pourquoi le parti FDR rejette catégoriquement les résultats proclamés par une CENI aux ordres.
L’ampleur de ces fraudes massives sur les résultats aurait pu être atténuée si le taux de participation était à la hauteur de l’angoisse suscitée par le drame du changement de notre constitution et qui doit constituer le véritable enjeu de ces élections.
Malheureusement, beaucoup de nos concitoyens n’ont pas répondu à nos cris d’alarme et de détresse.
Les taux de participation annoncés par la CENI sont fantasmagoriques et ne sont en réalité que le résultat des bourrages des urnes opérés partout par les sans foi ni loi. Parmi ceux qui se sont déplacés pour aller voter, une grande partie l’a fait, non pas pour un meilleur devenir de notre patrie, mais pour de l’argent.
Les nombreuses listes indépendantes, dont certaines ont été montées de toutes pièces dans le laboratoire UNIR avec la participation de Chefs Cantons qui, malgré leur prétendue neutralité, travaillent désormais à visage découvert pour le parti au pouvoir, sont venues parachever la stratégie macabre des vautours qui nous gouvernent.
Le parti FDR a, de bonne foi, fait le choix qu’il croyait être juste en décidant d’aller à ces élections. Mais la combinaison de plusieurs facteurs, les uns provenant essentiellement de nos gouvernants-prédateurs, les autres de nos sempiternelles querelles derrière lesquelles s’abritent certains pour se donner le droit d’être les meilleurs connaisseurs de la politique togolaise et de considérer les autres comme des proies à abattre, a amplifié la désaffection de nos compatriotes et justifie le faible taux de participation aux élections du 29 avril 2024 et les résultats qui en ont découlés.
Ils sont même nombreux ceux qui disent être de l’opposition à se réjouir de ces résultats sur les réseaux sociaux.
Il est maintenant là à nos yeux notre chef d’œuvre. Admirons-le et conservons-le avec soin pour nos enfants qui nous tresseront des lauriers immortels pour les avoir sauvés du désastre.
Comme Alan Paton, nous disons “Pleure, ô pays bien-aimé !”
Pour le parti FDR, le combat contre une dictature comporte souvent plusieurs stratégies qui doivent être non antagonistes mais complémentaires.
Malgré l’échec de son choix, le parti FDR est fier d’avoir contribué à mettre définitivement à nu le système RPT/UNIR qui est aujourd’hui perçu au Togo et à l’extérieur comme un système animé par des hommes et des femmes sans aucune morale et sans aucune éthique, qui entraînent des citoyens qu’ils sont sensés diriger dans la dépravation, le vol et le gangstérisme.Ils croient nous humilier mais c’est eux plutôt qui sont à plaindre et leur humiliation demain sera plus retentissante.
Le parti FDR demande à ses militants et aux responsables et militants des autres partis de l’opposition crédibles de relever fièrement la tête car rien n’est perdu. C’est maintenant que tout recommence.
Et aux anti-élections il leur dit qu’ils n’ont rien à célébrer car comment feront-ils triompher demain leur stratégie qu’ils croient infaillible s’ils continuent d’entretenir le clivage entre les acteurs politiques et si les populations, qu’ils glorifient aujourd’hui en ricanant d’avoir fait le bon choix de boycotter les élections, refusent au même moment de se mobiliser pour affronter la dictature.
Le parti FDR lance donc un vibrant appel à chaque Togolais, où qu’il se trouve, de procéder à un profond examen de conscience afin de reconnaitre que la situation désastreuse dans laquelle la tyrannie des GNASSINGBE plonge notre cher pays n’épargne personne et que continuer à y être indifférent ou à nous attaquer les uns les autres ne nous apportera aucune solution.
A vous tous, le parti FDR dit comme Nathy Labell : “ Rien n’est perdu ! Sache que quand tu crois que c’est la fin, cela annonce souvent le début d’une nouvelle opportunité ! Persévère… Et persévère !”
Fait, à Lomé le 06 mai 2024
Le Président National
Me Dodji APEVON