Komlan, un Togolais de la diaspora revient à Lomé. Ce qu’il voit ? Des familles qui mendient pour manger, des enfants privés d’école, des quartiers abandonnés. Et face à cette détresse, un clan qui exhibe son luxe obscène. Pour lui, le 9e Congrès panafricain annoncé du 8 au 12 décembre 2025 n’est qu’une farce grotesque, une mascarade hors-sol. Dans les rues, on cherche juste à survivre. Les priorités sont claires : se nourrir, se loger, instruire et soigner ses proches. Mais au Togo, ces besoins élémentaires sont sacrifiés sur l’autel du faste et des discours creux.
Le sacrilège contre Olympio
Organiser ce congrès au Togo est une profanation. Sylvanus Olympio, premier président du pays, fut assassiné en 1963 pour avoir incarné l’émancipation totale du Togo et voulu en faire un exemple pour toute l’Afrique. Il refusait la soumission coloniale, la dette et la dépendance. Son sang a ouvert la voie à une dictature familiale qui dure depuis plus de 60 ans. Aujourd’hui, ses héritiers politiques osent brandir le drapeau du panafricanisme qu’ils ont eux-mêmes trahi. Ce sommet est un sacrilège : une orgie diplomatique sur la tombe d’Olympio.
Les fossoyeurs du panafricanisme
Ce congrès n’honore pas les héros africains : il les insulte. Patrice Lumumba, Thomas Sankara, Amílcar Cabral, Kwame Nkrumah, Sylvanus Olympio, tous assassinés ou renversés pour avoir porté l’idéal d’une Afrique libre et souveraine. Et maintenant, leurs bourreaux et leurs successeurs politiques s’approprient leurs symboles pour mieux les dénaturer. Le congrès de Lomé n’est pas une célébration : c’est une caricature, une vitrine pour les chevaux de Troie de l’impérialisme.
Une dictature fossilisée
Depuis plus de six décennies, la famille Gnassingbé verrouille l’État, bâillonne la presse, écrase la jeunesse. En 2025, la génération Z s’est levée, défiant le régime au prix du sang. Des jeunes fauchés par les balles pour avoir osé réclamer un avenir. Pendant ce temps, le pouvoir manipule les constitutions, invente des gouvernements fantômes et entretient une minorité repue tandis que la majorité agonise.
Quand la misère paie le carnaval des puissants
Le budget du congrès, tenu secret, représente entre 2,5% et 5% des enveloppes vitales de la santé et de l’éducation. Des milliards arrachés aux hôpitaux, aux écoles, aux citoyens. Des vies sacrifiées pour un décor de carton-pâte. Un carnaval des puissants payé par la misère des faibles.
Le banquet des élites, le peuple en cendres
Le Président du Conseil des ministres, « le monarque », Faure Gnassingbé, promu Médiateur à chaque nouvelle forfaiture de ses pairs, préfère les salons feutrés aux urgences sociales du pays. Ce congrès convoque chefs d’État et délégations de la diaspora pour une vitrine politique, une opération de communication cynique. Pendant que le peuple s’enfonce dans la crise, ce sommet ostentatoire reste une provocation indigne : un festin sur des cadavres, un luxe cruel dans un pays qui suffoque.
8 décembre 2025 : le peuple se lève
Le peuple togolais ne reste pas silencieux. Avec le mot d’ordre du mouvement M66, il se mobilise ce 8 décembre 2025 pour dénoncer ce régime et exiger la fin de la dictature de Faure Gnassingbé, la libération de tous les prisonniers politiques et le rétablissement de la Constitution de 1992. Cette journée sera aussi l’occasion de pointer du doigt tous les charognards déguisés en panafricains qui s’abattent sur la capitale togolaise, pour se repaître d’un peuple mortifié, transformant Lomé en vitrine cynique alors que le pays suffoque.
Karl Adadé GABA