Togo- Assassinat de Dr Atsutsè Agbobli: 16 ans après, le mystère persiste

15 août 2008 – 15 août 2024. Il y a exactement 16 ans, le corps sans vie de Dr Atsutsè Kokouvi Agbobli, historien, journaliste, ancien ministre et président du Mouvement pour le Développement National (MODENA), un parti d’opposition togolais, était retrouvé par un pêcheur sur une plage de Lomé, près du lieu-dit « Foyer des Marins », aux environs de 10h00.

Le corps d’Atsutsè Kokouvi Agbobli, plaqué au sol, présentait des yeux injectés de sang, des lèvres sanguinolentes et un front marqué par des ecchymoses. Sa dépouille ne portait aucun effet personnel, à l’exception de ses mocassins et de ses chaussettes.

Dans la nuit du 15 août 2008, le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile de l’époque, le colonel Atcha Titikpina, affirmait dans un communiqué lu à la télévision nationale que le ministre Agbobli avait été « rejeté par la mer » et qu’il s’agissait d’un suicide.

Un rapport commandé par le procureur de la République, monsieur Robert Bakaï, et rédigé par le professeur Gado Napo-Koura, médecin légiste et professeur à la Faculté Mixte de Médecine et de Pharmacie de l’Université de Lomé, révélait que la mort n’était pas due à une noyade, mais évoquait l’hypothèse d’une mort toxique probable, causée par une intoxication médicamenteuse.

À la demande de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) et en consultation avec la famille, une seconde autopsie fut réalisée avec l’appui du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH), par le docteur Nizam Peerwani, médecin légiste du Comté de Tarrant, Texas (États-Unis), agissant pour le compte de l’organisation non-gouvernementale Physicians for Human Rights. Ce second rapport concluait que « la mort n’était pas due à une intoxication médicamenteuse » ni à des « blessures traumatiques », mais probablement à une noyade, tout en soulignant l’« énigme » de la découverte du corps « nu sur la plage » à l’exception de ses mocassins et de ses chaussettes.

Malgré les conclusions troublantes de ces deux rapports, elles ne concordent pas et aucune n’a permis de lever le mystère qui entoure la mort du président du MODENA.

À ce jour, aucune enquête sérieuse ne semble avoir été diligentée par le gouvernement togolais pour éclaircir cette affaire. Ni la population, ni la famille ne connaissent les causes et les circonstances exactes de cette mort. Tous demeurent dans l’attente d’un éclaircissement.

Au regard des zones d’ombre qui entourent cette disparition, des circonstances de la mort, de la personnalité du défunt, et du contexte politique dans lequel cet événement a eu lieu, le silence des autorités demeure inquiétant.

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