Le gouvernement tchadien a « fermement » démenti avoir mené des attaques sur des civils, dans son opération contre Boko Haram dans le bassin du lac Tchad.
« Le gouvernement de la République du Tchad tient à démentir fermement les récentes informations faisant état d’attaques supposément menées par l’armée tchadienne contre des civils, notamment des pêcheurs dans la région du lac Tchad« , insiste Abderaman Koulamallah, porte-parole du gouvernement, dans un communiqué diffusé le 1er novembre 2024.
« Les opérations menées jusqu’à présent ont ciblé des groupes jihadistes bien identifiés« , poursuit le texte.
Les manoeuvres militaires tchadiennes, « organisées et disciplinées, veillent scrupuleusement à ne jamais viser des civils » assure-t-il.
L’opération tchadienne contre Boko-Haram dans la région du lac Tchad, « personnellement » dirigée par le président Déby, a été accusée par des pêcheurs locaux et des milices anti-jihadistes d’avoir tué par erreur des « dizaines » de pêcheurs au Nigeria, en voulant viser des jihadistes.
Un officier de l’état-major tchadien qui a requis l’anonymat a confirmé à l’AFP des frappes « opérées dans les îles situées aux confins du Nigeria et du Niger« .
« Les Boko Haram se fondent souvent au sein des pêcheurs et des paysans à chaque fois qu’ils commettent leurs forfaits. Il est donc difficile de faire la différence entre la population et les terroristes » avait-t-il fait valoir le 30 octobre 2024.
« Un avion (de chasse) appartenant à l’armée tchadienne a attaqué des pêcheurs sur l’île de Tilma, tuant de nombreux pêcheurs« , a déclaré Babakura Kolo, chef d’une milice anti-jihadiste au Nigeria.
« L’avion a pris les pêcheurs pour des terroristes de Boko Haram qui ont attaqué une base militaire au Tchad dimanche« , avait-t-il poursuivi.
« L’avion de chasse a encerclé Tilma avant de commencer à larguer des bombes pendant que les gens couraient dans toutes les directions pour se mettre à l’abri« , a déclaré à l’AFP Sallau Arzika, un pêcheur.
Des « allégations erronées » qui cherchent à « semer la confusion et à déstabiliser l’opinion publique » assure le gouvernement tchadien.
Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 2024, Boko Haram a mené un raid contre une base militaire de la région du Lac Tchad. Le bilan est « d’une quarantaine de morts« , selon les autorités tchadiennes.
« Purement militaire et sécuritaire« , l’opération Haskanite lancée, « ne vise pas seulement à sécuriser nos paisibles populations (….) Il est question de traquer, de débusquer et d’anéantir la capacité de nuisance de Boko Haram et de ses affidés« , avait assuré le premier ministre tchadien Abderahim Bireme Hamid.
Situé entre le Niger, le Nigeria, le Cameroun et le Tchad, le Lac Tchad, est parsemé d’îlots qui abritent les combattants du groupe jihadiste ou de sa branche dissidente, l’Etat Islamique en Afrique de l’Ouest.
Difficile à contrecarrer du fait de la mobilité de ses combattants armés, Boko Haram est apparu en 2009 au Nigeria, et a fait depuis quelque 40.000 morts et plus de deux millions de déplacés, avant de se propager dans les pays frontaliers.
Avec AFP