Shawn Fain, directeur du puissant syndicat américain United Auto Workers (UAW), a salué « un pas important dans la bonne direction pour une entreprise qui a été mal dirigée et une main-d’œuvre maltraitée », dans un message publié par CNBC.
Le conseil d’administration de Stellantis, propriétaire notamment des marques Peugeot, Citroën, Fiat, Chrysler, Opel, Lancia et Jeep, a accepté dimanche à l’unanimité la démission « avec effet immédiat » de M. Tavares, dont le successeur sera nommé au premier semestre 2025.
Cette décision est le résultat de « points de vue différents » entre le conseil d’administration et le directeur général, a expliqué Henri de Castries, administrateur de Stellantis.
Selon M. Fain, M. Tavares laisse derrière lui « un chaos fait de douloureux licenciements et de véhicules trop chers abandonnés sur les parkings des concessions ».
En France, où l’Etat est actionnaire de Stellantis, une source gouvernementale française a au contraire salué dimanche un dirigeant qui « aura mené en 10 ans à la tête du groupe le rachat d’Opel puis la fusion de PSA et Fiat Chrysler Automobiles en 2021, après avoir géré les perturbations importantes liées à la crise du Covid ».
Stellantis peut « encore renforcer son empreinte industrielle française et européenne, dans un contexte de forte concurrence internationale dans l’automobile », a cependant ajouté cette source.
La section Force ouvrière (FO) de Stellantis a condamné de son côté une « décision précipitée », qui « fragilise l’ensemble de l’entreprise et ses milliers de salariés ».
« Stellantis, véritable paquebot industriel, a plus que jamais besoin d’un capitaine solide et visionnaire pour naviguer dans cette tempête économique et stratégique », a souligné le syndicat français.
« Ce qui inquiète les salariés aujourd’hui, c’est qu’on a poussé Carlos Tavares à la démission visiblement, et il n’y a pas de plan B », a souligné Philippe Pétry, délégué syndical de la CFDT à l’usine de Metz-Borny.
M. Tavares « avait des défauts, des qualités, mais c’était un industriel. Il a orienté l’entreprise vers l’électrique (…) Quelle sera la vision de son remplaçant ? C’est le gros point d’interrogation », a déclaré M. Pétry à l’AFP.
M. Tavares « n’est pas à plaindre et aucun travailleur ne va regretter » un dirigeant « qui a massacré l’emploi et détruit des milliers de familles », a souligné la CGT centrale de Stellantis. « Par contre, quel sera le chèque de son montant de départ ? 50 millions ? 100 millions ? », s’est interrogé le syndicat français.
En Italie, la Ligue (parti souverainiste allié de la formation de la présidente du conseil Giorgia Meloni) s’est aussi dite « curieuse de savoir combien prendra Carlos Tavares comme récompense économique après sa gestion désastreuse ».
Carlos Tavares a « renversé la vision au long cours de Sergio Marchionne » (ancien dirigeant de Fiat-Chrysler), a décrit le secrétaire général du syndicat CISL Luigi Sbarra sur la chaîne Sky Tg24. « Il n’a jamais cru dans le dialogue avec les syndicats, a beaucoup délocalisé, coupé dans les emplois, freiné les investissements, et est allé jusqu’à défier l’Etat (italien) au sujet des subventions ».
« Tavares est parti, les problèmes restent pour les travailleurs », a souligné auprès de l’AFP Maurizio Oreggia, coordinateur du syndicat italien FIOM.
© AVEC AFP