Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a vivement critiqué le gouvernement français suite à la reconnaissance officielle par la France du massacre de Thiaroye.
Ce dimanche 28 juillet, l’État français a annoncé que six tirailleurs sénégalais, exécutés en 1944 sur ordre d’officiers de l’armée française au camp de Thiaroye, près de Dakar, ont été reconnus « Morts pour la France ».
Cette reconnaissance intervient dans le cadre des commémorations des 80 ans de la Libération de la France et en prélude au 80e anniversaire des événements de Thiaroye.
Le secrétariat d’État français chargé des anciens combattants a déclaré : « C’est une nouvelle étape. C’était essentiel, il est désormais temps de regarder notre histoire comme elle fut. »
Cependant, cette initiative française n’a pas été accueillie avec enthousiasme par Ousmane Sonko. Il a déclaré : « Nous demandons au gouvernement français de revoir ses méthodes, car les temps ont changé ! »
Sonko critique la subite prise de conscience du gouvernement français
En attribuant à titre posthume le statut de « Mort pour la France » à six des soldats africains abattus en 1944, la France semble tenter de corriger une partie de son passé colonial douloureux.
Certains ont salué cette reconnaissance comme une étape importante dans la reconnaissance des injustices commises par l’armée française.
Sonko a néanmoins critiqué cette démarche. Il a remis en question les motivations derrière cette subite « prise de conscience ».
Le premier ministre sénégalais a déclaré : « Je tiens à rappeler à la France qu’elle ne pourra plus ni faire ni conter seule ce bout d’histoire tragique.
Ce n’est pas à elle de fixer unilatéralement le nombre d’Africains trahis et assassinés après avoir contribué à la sauver, ni le type et la portée de la reconnaissance et des réparations qu’ils méritent.
Thiaroye 44, comme tout le reste, sera remémoré autrement désormais ».
Que s’est-il passé le 1er décembre 1944 à Thiaroye ?
En novembre 1944, la France est progressivement libérée de l’occupation nazie. 1 300 tirailleurs ouest-africains sont rapatriés par l’armée française à Thiaroye, dans un camp militaire en banlieue de Dakar.
Ils réclament le paiement de leurs soldes de captivité ainsi que diverses primes qui ne leur ont pas été versées.
Le 1er décembre à l’aube, des coups de feu éclatent dans le camp. L’armée française évoque une mutinerie qu’elle a dû réprimer dans le sang.
Pourtant, de nombreuses zones d’ombre demeurent. On ne sait toujours pas combien ont été tués, ni où ils sont enterrés.
La reconnaissance des tirailleurs sénégalais par la France arrive à un moment où le Sénégal s’apprête à commémorer le 80e anniversaire de cet événement tragique.
Pour beaucoup, il faut que cette histoire soit racontée de manière complète et honnête, en incluant les perspectives africaines et en reconnaissant pleinement les souffrances endurées par les tirailleurs.