Le nouveau secrétaire général de l’Otan Mark Rutte a réaffirmé ce jeudi 3 octobre 2024 le soutien occidental à l’Ukraine jusqu’à ce qu’elle « l’emporte » sur la Russie, lors d’une visite à Kiev deux jours à peine après sa prise de fonction.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui notamment réclamé que les alliés aident l’Ukraine à intercepter les missiles russes pour « sauver des vies » comme ils l’ont fait pour les missiles iraniens visant Israël.
Cette visite intervient à un moment difficile pour l’Ukraine, dont les forces sont en recul sur le front Est, manquant d’hommes et d’armements.
Signe de ces difficultés, la Russie a confirmé jeudi la prise de la ville de Vougledar, pour laquelle une féroce bataille durait depuis plus de deux ans dans l’est de l’Ukraine.
« C’est ma priorité et mon privilège de faire avancer ce soutien » occidental « pour faire en sorte que l’Ukraine l’emporte », a déclaré M. Rutte, s’exprimant aux côtés de M. Zelensky.
Celui-ci a de son côté regretté que les Occidentaux fassent « traîner » les livraisons de missiles à longue portée pour son pays, des armements qui sont au cœur d’un débat concernant leur utilisation pour frapper la Russie.
Aider l’Ukraine comme Israël
Si Kiev réclame de pouvoir viser avec ces missiles des cibles en profondeur en Russie pour réduire les capacités de Moscou de frapper son territoire, plusieurs de ses alliés, dont les Etats-Unis, refusent à ce stade de donner un feu vert, redoutant une escalade du Kremlin.
« Nous avons besoin d’une quantité et d’une qualité suffisantes d’armes, y compris d’armes à longue portée, avec lesquelles, à mon avis, nos partenaires traînent déjà », a regretté M. Zelensky.
Il a souligné que sa tâche était également de « convaincre » les Occidentaux d’« abattre les missiles et drones russes » qui visent l’Ukraine, tout en se disant conscient « qu’il s’agit d’une décision difficile ».
« Ce qui fonctionne dans le ciel du Moyen-Orient et contribue à la défense d’Israël peut fonctionner aussi bien dans le ciel de notre coin d’Europe, en Ukraine, pour sauver des vies », a-t-il argumenté plus tard dans un message vidéo, en allusion aux interceptions depuis des navires américains de missiles iraniens visant Israël.
Toute proche du territoire de l’ouest de l’Ukraine, la Pologne, membre de l’Otan, a régulièrement fait décoller ses avions de chasse lors de vagues de missiles russes sur l’Ukraine, et a récemment réclamé le droit de pouvoir les abattre en amont. Des forces de l’Otan, notamment françaises et américaines, sont par ailleurs positionnées en Roumanie, a quelques centaines de kilomètres du port d’Odessa régulièrement visé par des frappes russes.
Adhésion à l’Otan
M. Rutte est l’un des soutiens les plus actifs de l’Ukraine en Europe depuis le début de l’invasion en février 2022, et qualifié de « russophobe » par Moscou.
Premier ministre des Pays-Bas, il a notamment été le fer de lance des efforts visant à doter Kiev d’avions de combat F-16.
Volodymyr Zelensky a rappelé que l’objectif de Kiev était « l’adhésion pleine et entière de l’Ukraine à l’Alliance » atlantique.
En entamant mardi son premier jour à la tête de l’Otan, le Néerlandais a fait du soutien à l’Ukraine l’une des trois priorités de son mandat.
Le président russe Vladimir Poutine « doit réaliser » que l’Otan ne « cédera pas » dans son soutien à Kiev, avait-il souligné lors de sa première conférence de presse à Bruxelles.
La question de l’ampleur et de la pérennité de l’aide occidentale se pose d’autant plus au moment où l’Ukraine est dans sa troisième année de guerre.
Et la position américaine, un des principaux soutiens de Kiev avec l’UE et moteur de l’Otan, risque de changer radicalement en cas de retour à la Maison Blanche de Donald Trump après la présidentielle de novembre.
« C’est au gouvernement ukrainien de décider quand est arrivé le moment de discuter de la paix », a rappelé lors de sa prise de fonction M. Rutte, appelant à se « concentrer sur l’effort de guerre ».
« La place de l’Ukraine est dans l’Otan », a-t-il assuré, malgré les fortes réticences de certains des 32 pays membres, dont les Etats-Unis et l’Allemagne.
Revers sur le front
Sur le terrain, trois civils dont un enfant ont été tués et quatre autres personnes blessées après l’explosion d’un camion citerne visé par un drone russe dans le nord du pays, selon les autorités locales. Dans la nuit, 11 personnes ont été blessées dans des frappes sur Kharkiv, la deuxième ville du pays.
Le voyage de Mark Rutte intervient alors que l’Ukraine manque de recrues et d’armes en raison d’une mobilisation poussive et de livraisons occidentales plus éparses.
L’armée ukrainienne cède du terrain dans l’Est. Dernier revers en date, elle a annoncé mercredi se retirer de Vougledar, dont la prise a été revendiquée jeudi par la Russie. Cette ville a une importance militaire et symbolique, et sa chute soulève la question de la solidité des défenses ukrainiennes située au-delà.
Interrogé sur cette perte jeudi, M. Zelensky a assuré qu’il était « normal » que ses soldats se retirent afin « qu’ils puissent sauver leur vie » face à la puissance de feu russe.
Dans l’est, les troupes russes se rapprochent aussi de Pokrovsk, une ville clé pour la logistique militaire. Côté russe, quatre civils ont été tués et 24 blessés jeudi dans des frappes ukrainiennes sur la région frontalière de Belgorod, qui essuie régulièrement des bombardements, selon les autorités locales.
@Avec l’AFP