Notre-Dame de Paris rouvre pour une lumineuse renaissance

Dévastée par un incendie en 2019, Notre-Dame de Paris, chef-d’œuvre de l’art gothique, rouvre ses portes ce samedi 7 décembre 2024. Un événement planétaire très attendu après plus de cinq années d’un chantier de restauration colossal, financé par un afflux de dons sans précédent.

Le président élu des États-Unis Donald Trump, arrivé peu avant 07 H 00 (06 H 00 GMT), le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le prince William « au nom du Royaume-Uni »… Une quarantaine de chefs d’État et de gouvernement, ainsi que plusieurs têtes couronnées, sont attendus aux festivités samedi et dimanche.

Le président français, Emmanuel Macron, en difficulté après la censure de son gouvernement, mise beaucoup sur ce rendez-vous érigé au rang des « fiertés françaises », comme les JO de Paris cet été.

« Quand la cathédrale a brûlé, en 2019, j’étais anéantie… C’est vraiment inspirant », commente Noëlle Alexandria, autrice canadienne patientant depuis l’aube près de l’édifice. Croisée par l’AFP, elle entend « rester là » aussi longtemps que possible, n’ayant pas obtenu de billet pour visiter Notre-Dame.

Marie et Raphaël Jean, 27 et 23 ans, arrivés de Toulouse, admirent eux la « belle finition » du « cœur battant de Paris et peut-être de la France ». « Voir Notre-Dame reconstruite montre que la France ne laisse pas tomber son Eglise », ajoute l’étudiant en droit, que la venue de Trump et Zelensky laisse de marbre mais qui regrette l’absence du pape.

Les cérémonies commenceront à 19H00 (18H00 GMT), avec l’ouverture des portes par l’archevêque de Paris, Laurent Ulrich, après avoir frappé trois coups avec une crosse. Elles se poursuivront à l’intérieur, en raison de la météo venteuse.

Sont prévus notamment une allocution de M. Macron, qui avait fixé le « défi insensé » d’une restauration en cinq ans au lendemain de l’incendie, un office religieux en présence de 1.500 invités et la lecture d’un message du pape.

Dans la nuit du 15 avril 2019, les images de la toiture de Notre-Dame dévorée par les flammes et de l’effondrement de sa flèche avaient sidéré le monde entier.

Reconstruite à l’identique de celle conçue par l’architecte du XIXe siècle Eugène Viollet-Le-Duc, la célèbre pointe dentelée s’élance à nouveau dans le ciel, et l’intérieur rayonne d’une luminosité inconnue, de mémoire, de vivant.

C’est « une cathédrale comme on ne l’a jamais vue », a vanté, sur la radio franceinfo samedi, Philippe Jost, patron du chantier de restauration qui a succédé au général Jean-Louis Georgelin, décédé en 2023. Il s’est dit « heureux » de « donner à voir au monde entier » une « grande réussite collective et une fierté pour toute la France ».

« Beaucoup plus belle »

« Beaucoup de gens me disaient : rendez-nous la cathédrale comme elle était. Mais elle sera beaucoup plus belle », a aussi promis Mgr Laurent Ulrich à l’AFP.

La blondeur de ses pierres nettoyées, les couleurs éclatantes des vitraux partiellement restaurés et celles des décors peints des chapelles sont sublimées par un nouvel éclairage modulable.

Tableaux de maîtres du XVIIe siècle, sculptures séculaires magistrales et objets d’art ont été réinstallés sur un parcours de déambulation aéré.

L’axe central, où trône un nouveau mobilier liturgique minimaliste en bronze brun massif, donne la mesure de l’édifice, construit aux XIIe et XIIIe siècles, d’une longueur de près de 150 mètres, d’une largeur de quelque 50 mètres, dont la nef s’élance à plus de 40 mètres de hauteur sous toit.

Mille cinq cents nouvelles chaises en chêne clair sont destinées à accueillir les « 14 à 15 millions » de visiteurs attendus chaque année.

Figurent également au programme de la réouverture la diffusion d’un film retraçant la reconstruction de la cathédrale de plus de 860 ans, la parade de pompiers et artisans bâtisseurs. Les frères Renaud et Gautier Capuçon, violoniste et violoncelliste français, interpréteront « La passacaille » de Haendel, arrangée par Johan Halvorsen.

Au terme des cérémonies républicaine et liturgique, vers 20H40, un dîner sera offert à l’Elysée aux chefs d’Etat, de gouvernement et d’organisations internationales.

Deux messes

La météo capricieuse a également chamboulé le programme musical de la soirée et le concert prévu ensuite sera diffusé en différé.

Il mettra à l’honneur la musique classique avec la Maîtrise Notre-Dame de Paris et l’Orchestre philharmonique de la radio publique Radio France, dirigé par le maestro vénézuélien Gustavo Dudamel. Le pianiste chinois Lang Lang, la soprano sud-africaine Pretty Yende (« Amazing Grace ») et le ténor franco-suisse Benjamin Bernheim (« Ave Maria ») en seront également.

Aux côtés, pour une touche pop, des Français Clara Luciani et Vianney, du Canadien Garou (« Le temps des cathédrales ») ou de la Franco-Béninoise Angélique Kidjo (« Jerusalema »). Et du DJ Michael Canitrot, connu pour ses concerts de musique électronique devant des monuments. Le nom de Pharrell Williams est également évoqué.

Dimanche, deux messes sont prévues, à 10H30 et 18H30. La première, en présence d’Emmanuel Macron, de chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que de personnalités religieuses, consacrera l’autel. La seconde est ouverte au public, sur inscription.

Un dispositif de sécurité exceptionnel, inspiré de celui des JO, a été installé dans un contexte de « très haut niveau de menace terroriste », selon la préfecture de police, avec 6.000 policiers et gendarmes mobilisés.

Horaires d’ouverture allongés, offices spécifiques et pour le grand public se succèderont jusqu’à la Pentecôte, avec un nouveau système de réservation gratuite en ligne.

Le chantier aura mobilisé 250 entreprises ainsi que 2.000 artisans des métiers d’art. Et coûté près de 700 millions d’euros, financés par 846 millions de dons du monde entier.

© AVEC AFP

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