Nigeria : des images de mineurs au tribunal créent la polémique

Des vidéos montrant de jeunes Nigérians, vraisemblablement mineurs, en état de grande fébrilité ou en train de s’évanouir dans un tribunal le vendredi 1ᵉʳ novembre ont fait le tour des réseaux sociaux, provoquant de vives réactions dans le pays et relançant le débat sur les violences policières et les conditions de détention.

76 Nigérians, dont de nombreux mineurs, ont été conduits vendredi au tribunal à Abuja, la capitale fédérale, pour être jugés près de trois mois après leur arrestation.

Tous avaient été arrêtés début août, principalement dans le nord du pays, pour avoir participé à des manifestations contre la crise économique qui touche le pays le plus peuplé d’Afrique depuis un ans et demi.

Au moins 21 personnes avaient été tuées par les forces de sécurité nigérianes, selon l’ONG Amnesty International, et plus de 700 manifestants arrêtés, selon la police.

Dans les vidéos diffusées vendredi, plusieurs jeunes sont assis ou allongés sur le sol de la chambre du tribunal, se tenant le ventre et l’air évanouis.

Ces images ont suscité un tollé parmi la société civile et la classe politique.

Le politicien Peter Obi, candidat malheureux à la présidentielle de 2023, a déclaré sur X que « les images montrent des mineurs, certains si faibles qu’ils pouvaient à peine se tenir debout, d’autres s’évanouissant d’épuisement et manque de nourriture ».

Amnesty International a condamné leurs « affreuses conditions de détention » ainsi que « le mépris total du gouvernement pour l’État de droit »et réclamé « la relaxe immédiate et inconditionnelle » des mineurs, sur X.

Le bureau de l’Inspecteur général de la police nigériane a nié avoir soumis les interpellés à de mauvais traitements, dans un communiqué.

« Une aide médicale a été rapidement apportée » aux jeunes souffrants vendredi au tribunal, « preuve de l’engagement de la police pour le bien-être des personnes en détention ».

« L’âge n’est pas un facteur qui empêche les individus de répondre à la loi », a ajouté la police dans son communiqué.

Vendredi, le porte-parole de la police, Muyiwa Ogunjobi, avait déclaré à la télévision nigériane que « lorsque vous avez plus de 7 ans, vous pouvez être traduit en justice ».

Le jugement des prévenus a été repoussé à janvier mais le ministre de la justice, Prince Lateef Fagbemi, a demandé à ce que cette date soit avancée, dans un communiqué publié samedi.

Au Nigeria, les violences policières sont un sujet sensible, notamment depuis octobre 2020 et les manifestations baptisées EndSARS qui réclamaient le démantèlement de cette unité de police connue pour sa brutalité.

Le 20 octobre 2020, des policiers et des militaires avaient ouvert le feu sur un rassemblement pacifique à Lagos, réprimant les plus grandes manifestations antigouvernementales de l’histoire moderne du Nigeria. Selon Amnesty, au moins 12 manifestants avaient été tués.

© AVEC AFP

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