Les livres et les films du futur pourraient commencer à se ressembler si les auteurs adoptaient l’intelligence artificielle (IA) pour aider à écrire des histoires, avertit une étude publiée ce vendredi 12 juillet 2024.
« Notre objectif était d’étudier dans quelle mesure l’IA générative peut aider les humains à faire preuve de créativité », a déclaré à l’AFP le co-auteur de l’étude Anil Doshi, de l’University College de Londres.
L’étude publiée dans Science Advances survient dans un contexte de craintes autour de l’impact des outils de l’IA, en plein essor et qui peuvent transformer de simples messages en musique ou en art.
Pour leur étude, M. Doshi et son co-auteur Oliver Hauser, de l’université d’Exeter ont recruté environ 300 volontaires comme « auteurs ».
Ces volontaires n’étaient pas des écrivains professionnels et leur créativité a été mesurée par un test psychologique leur demandant de donner dix mots complètement différents.
Les scientifiques les ont ensuite séparés en trois groupes au hasard pour écrire un récit de huit phrases sur l’un des trois sujets suivants : une aventure en haute mer, une aventure dans la jungle, ou une aventure sur une autre planète.
Ces participants ont également été placés de manière aléatoire en trois groupes qui ont bénéficié de différents niveaux d’aide de l’IA.
Le premier groupe n’a reçu aucune aide, le deuxième a reçu une idée d’histoire en trois phrases grâce à l’outil ChatGPT et le troisième a pu recevoir jusqu’à cinq idées d’histoire générées par IA.
– Bénéfice individuel, perte collective –
Après avoir terminé leurs récits, les participants ont dû mesurer la créativité de leur propre travail, grâce à plusieurs critères comme son potentiel, ou le plaisir procuré en le lisant.
Un autre groupe de 600 personnes ont également jugé les histoires grâce aux mêmes critères.
Les auteurs ont constaté qu’en moyenne, l’IA a amélioré la créativité individuelle de l’auteur jusqu’à 10% et le plaisir procuré par le récit de 22%, surtout dans des éléments comme la structure du récit ou les rebondissements.
Ces effets ont été les plus significatifs pour ceux qui avaient été considérés comme les moins créatifs.
Mais au niveau collectif, les histoires écrites à l’aide de l’intelligence artificielle se ressemblent plus entre elles par rapport à celles écrites sans IA, car les auteurs se sont trop « ancrés » dans les idées suggérées.
Pour M. Doshi, l’étude a aussi montré qu’il y avait un risque que les personnes ne se fient trop aux outils de l’IA avant de développer leur propre talent pour l’écriture ou la musique.
Les gens doivent commencer à se demander « où dans mon travail puis-je insérer cet outil pour en tirer le meilleur parti, tout en conservant ma propre voix dans le projet ou le résultat ».
Avec AFP