Le cinéma africain célébré au 8e Festival International du Film du Togo

La 8e édition du Festival International du Film du Togo (FIFTO) s’est clôturée ce samedi 11 août 2024 à Lomé, couronnant une semaine riche en projections, ateliers et rencontres professionnelles. Cette édition a mis en lumière la diversité et la qualité du cinéma africain, avec des récompenses attribuées à des talents de plusieurs pays du continent. “EVALA”, réalisé par Matthieu ABALO, a remporté le 1er Prix Documentaire dans la catégorie des courts métrages professionnels. Cette récompense souligne la qualité et l’originalité du travail du cinéaste togolais, qui a su capturer l’essence d’un sujet profondément ancré dans la culture locale.

Le film d’ABALO s’inscrit dans une sélection nationale de haut niveau, reflétant le dynamisme et la créativité du cinéma togolais contemporain

EVALA

“EVALA”, le documentaire de Matthieu Abalo, offre une immersion fascinante dans les rituels ancestraux des luttes Evala de la région de la Kara au Togo. Le film explore la persistance de cette tradition initiatique marquant le passage à l’âge adulte des jeunes hommes, dans un contexte où de nombreuses coutumes africaines ont disparu sous l’influence de la colonisation et de la modernisation. À travers des témoignages de terrain et des images soigneusement travaillées, le documentaire révèle les coulisses de ces luttes, leurs codes, pratiques et interdits, offrant ainsi un aperçu approfondi de l’importance culturelle et identitaire de cette tradition.

Le réalisateur, initialement parti pour un simple reportage télévisé, a transformé son projet en un documentaire complet après une immersion profonde dans la communauté des Evala. Malgré les défis d’accès à certains rituels sacrés, Abalo a su capturer l’essence de cette tradition avec sensibilité et respect. “EVALA” s’inscrit dans l’engagement personnel du réalisateur pour réconcilier tradition et modernité, appelant à un renouveau des liens avec les racines africaines. Le film, qui suscite des discussions animées sur la préservation des traditions face au changement, est salué pour son authenticité et fait actuellement son chemin à travers les festivals nationaux et internationaux.

Les documentaires “EVALA” et “Zogbeto” de Matthieu Abalo, qui explorent respectivement les rituels ancestraux des luttes Evala au Togo et la frontière entre le spirituel et le réel, ont non seulement été salués dans divers festivals internationaux, mais ont également été sélectionnés pour représenter le Togo au prestigieux Zózimo Bulbul Black Film Festival: Brazil, Africa, Caribbean and other diasporas, qui se tiendra à Rio de Janeiro en octobre, offrant ainsi une vitrine internationale supplémentaire à la richesse culturelle et cinématographique togolaise.

Palmarès complet du FIFTO 2024

Dans la compétition internationale, “Le sermon des prophètes” du réalisateur burkinabè Seydou BOUNDAONE a remporté le prix de la meilleure fiction, tandis que “Le gardien des mondes” de la Tunisienne Leïla CHAÏBI s’est imposé comme meilleur documentaire.

La compétition nationale a vu “A l’épreuve du goumin” d’Israël TOUNOU couronné meilleure fiction, et “Cent douze” de Joël M’MAKA TCHEDRE sacré meilleur documentaire.

Les prix d’interprétation ont été décernés à Mondésir GUEBEYI (Côte d’Ivoire) pour son rôle dans “GLA”, et à Ismaël OUREYA MOLLA (Togo) pour sa performance dans “A l’épreuve du goumin”.

Dans la catégorie des courts métrages professionnels, “EVALA” de Matthieu ABALO a remporté le 1er Prix Documentaire, tandis que “YEMKULUBA” d’Aimé K. SOHLO s’est distingué en fiction.

Le concours Clap Ivoire a récompensé “AU PAYS DES BATAMMARIBAS” de Yassira DERMANE ADAM (documentaire) et “ORIGINES” de Prince ADJIGNON (fiction). “LA FORCE DE LA FEMME” de Jack EKLOU a reçu le coup de cœur du jury.

Les écoles de cinéma togolaises ont également brillé avec “FRAGMENTS” de Djawad MAMAFICTION (documentaire) et “WAAR” de Cornelia Adjélé DASILVEIRA (fiction).

Dr Kossi Lamadokou, ministre de la Culture et du Tourisme, a souligné l’importance de l’événement : “Le FIFTO 2024 a célébré la diversité culturelle en mettant en valeur notre patrimoine national, tout en positionnant le cinéma togolais et africain sur la scène mondiale.”

Le festival, placé sous le thème “Cinéma togolais : de l’industrialisation à la professionnalisation”, a accueilli des professionnels du 7e art venus de toute l’Afrique et d’ailleurs. La Côte d’Ivoire, invitée d’honneur de cette édition, s’est particulièrement illustrée avec plusieurs récompenses.

Essohanam Koutom, directeur du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNCIA), a précisé que chaque prix comprenait, selon sa nature, une enveloppe financière, un trophée et une attestation.

Le succès de cette 8e édition du FIFTO laisse présager un avenir prometteur pour le cinéma africain. Les organisateurs ont d’ores et déjà annoncé leur volonté de continuer à promouvoir l’innovation technologique et d’élargir la sélection de films internationaux pour la prochaine édition, avec l’objectif ambitieux d’atteindre les 10 000 spectateurs.

Cette édition 2024 du FIFTO a ainsi démontré la vitalité et la diversité du cinéma africain, tout en offrant une plateforme précieuse pour les talents émergents et confirmés du continent.

Alors que les films de Matthieu Abalo, tels que “EVALA” et “Zogbeto”, continuent de gagner en reconnaissance internationale, notamment avec leur sélection au Zózimo Bulbul Black Film Festival à Rio de Janeiro en octobre, le réalisateur souligne l’importance cruciale de décentraliser l’industrie cinématographique togolaise au-delà de la capitale, en mettant particulièrement l’accent sur le développement de la production et de la diffusion dans des régions comme Kara, afin de mieux représenter la diversité culturelle du pays et de stimuler la créativité cinématographique à travers tout le Togo.

source