La Corée du Sud bat son voisin du Nord à son propre jeu ; elle relance…

Dimanche soir, l’armée sud-coréenne a annoncé que le Nord avait « à nouveau envoyé des ballons », soupçonnés de « transporter des immondices vers le Sud », conseillant de ne pas y toucher et de les signaler aux autorités.

Dans la province de Gyeonggi (nord-ouest), des responsables ont envoyé une alerte par texto aux habitants dimanche soir pour les avertir de l’arrivée de nouveaux ballons.

L’état-major inter-armées sud-coréen avait auparavant déclaré dimanche que « l’armée sud-coréenne a effectué une émission par haut-parleur cet après-midi », annoncée plus tôt par la présidence.

La poursuite de ce type d’émissions « dépend entièrement des actions de la Corée du Nord », avait précisé l’état-major. Selon la présidence, il s’agit de « mesures correspondantes » après l’envoi par Pyongyang samedi de plus de 300 ballons remplis d’immondices, après près d’un millier déjà lancés fin mai-début juin.

Bien qu’elles « puissent être difficiles à supporter pour le régime » de Kim Jong Un, ces mesures « transmettront des messages de lumière et d’espoir à l’armée et aux citoyens nord-coréens », selon Séoul. « La responsabilité de l’escalade de la tension entre les deux Corées incomberait entièrement au Nord ».

Selon l’armée sud-coréenne, l’analyse du contenu des ballons arrivés samedi « montre qu’il n’y a pas de substances dangereuses pour la sécurité » et qu’ils contenaient du plastique et du papier usagé.

« Provocation de ‘bas-étage’ »

« La Corée du Nord effectue une nouvelle provocation de bas étage avec des ballons d’immondices contre nos zones civiles », a écrit le maire de Séoul Oh Se-hoon sur Facebook.

Si les lancers de ballons ne violent pas les sanctions des Nations unies, contrairement aux tests de missiles balistiques, les relations entre les deux Corée sont à l’un de leurs plus bas niveaux depuis des années. Les analystes avertissent d’un risque que cette escalade conduise à de véritables affrontements militaires.

Le président sud-coréen, Yoon Suk Yeol, a suspendu mardi l’intégralité d’un accord militaire de détente conclu en 2018 avec la Corée du Nord, après l’envoi fin mai et début juin par Pyongyang de près d’un millier de ballons lestés de sacs pleins de détritus, allant de mégots de cigarettes à des excréments d’animaux.

Après avoir annoncé y mettre fin le 2 juin, la Corée du Nord a recommencé samedi, en réaction à l’envoi cette semaine vers le nord par des militants sud-coréens de nouveaux ballons avec de la K-pop, des billets en dollars et de la propagande hostile au dirigeant nord-coréen Kim Jong Un.

Risque de « conflit armé »

La suspension totale de l’accord de 2018 permet à Séoul de reprendre les exercices de tirs réels et de relancer les campagnes de propagande contre le régime du Nord par haut-parleurs le long de la frontière.

Le Sud dit mener ce type de propagande, qui remonte à la guerre de Corée (1950-53), en représailles à ce qu’il considère comme des provocations nord-coréennes continuelles. Il l’avait utilisée la dernière fois en 2016, après le quatrième essai nucléaire de Pyongyang.

Lors de ces campagnes, Séoul utilise d’immenses mégaphones pour diffuser notamment de la K-pop ou de la propagande antirégime dans des zones proches de la zone démilitarisée séparant les deux pays, qui restent techniquement en guerre.

Ces diffusions de messages exaspèrent Pyongyang, qui a déjà menacé de viser les haut-parleurs avec son artillerie s’ils n’étaient pas éteints.

Le Parti démocratique (PD, opposition sud-coréenne) a critiqué le gouvernement de Séoul pour n’avoir pas fait davantage contre les envois de ballons par les militants sud-coréens, les accusant dimanche d’utiliser « la liberté d’expression comme un moyen de compromettre la sécurité de notre peuple ».

Le PD a également critiqué la reprise de la propagande par haut-parleurs car « l’initiative du gouvernement pose un risque d’escalade vers une guerre régionale », selon un porte-parole.

« Il est fort possible que la reprise des messages par haut-parleurs conduise à un conflit armé » et que « la Corée du Nord reprenne ses tirs en mer Jaune ou qu’elle tire sur les ballons si le Sud en envoie à nouveau », a estimé auprès de l’AFP Cheong Seong-chang, directeur de la stratégie pour la péninsule coréenne à l’Institut Sejong.

La Corée du Nord aurait par ailleurs essayé de brouiller les signaux GPS pendant plusieurs jours fin mai, sans apparemment parvenir à entraver d’activité militaire sud-coréenne.

« Il est probable que ce type de provocation apparaisse sous une forme beaucoup plus forte également en mer de l’Ouest » (mer Jaune), a ajouté Cheong Seong-chang.

© AVEC AFP

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