KAMALA HARRIS : CE QU’ON LUI REPROCHE QUAND ELLE ÉTAIT PROCUREURE

Dans mon boulot, je rencontre beaucoup de personnes qui ont des parcours migratoires
différents : des Indiens, des Pakistanais, des Chinois, des Russes, des Ukrainiens, des
Afghans, des Turcs, des personnes d’Amérique latine, des Africains.
Dans tout ceci, il y a une question qui me revient et est posée par les Africains : Pourquoi es-tu
autant dur avec nous ?

À la Vice-Présidente Kamara, nos frères Afro-Américains lui posent aussi la même question :
Pourquoi es-tu si dure envers nous quand tu étais procureure ?

À cette question, il y a une réponse toute simple qui sauve celles et ceux qui la posent et aussi
notre communauté.

Nul n’ignore qu’aux Etats-Unis, les Afro-américains sont d’abord laissés dans la précarité qui les
force à commettre des petits délits. Les petits délits les conduisent en prison ensuite. Et
puisque leur casier judiciaire est chargé, ils ont du mal à se réinsérer dans la vie et le cycle des
délits, de la prison et de la précarité continue finalement.

Aux Etats-Unis aussi, les Afro-Américains sont des minorités. La police en majorité blanche est
une institution extrêmement solide, respectée, crainte et aimée par tous et surtout la majorité.

Que reproche une partie de la communauté noire à Kamala ?
Certains de nos compatriotes la qualifient de “redoutable et sans pitié.” comme le souligne
David Vauclair.
Certains Africains l’accusent aussi d’avoir refusé ” que l’on poursuive des policiers qui avaient
été accusés de violences”.
“En 2014, elle va refuser d’enquêter sur la mort de deux Afro-Américains qui sont abattus par la
police. En 2015, elle ne soutiendra pas un projet de loi qui obligeait le procureur général, elle à
l’époque, à nommer un procureur qui se spécialise dans la poursuite judiciaire des violences
policières” David Vauclair

Je ne sais pas si nos compatriotes savent vraiment lire le monde dans lequel nous sommes et
s’ils savent que la lutte de reconnaissance que notre peuple mène n’est pas une lutte de 5
jours, de cent jours, de 1000 jours, mais une lutte de tous les jours.

Comme je l’ai écrit tantôt, la police est une institution forte aux Etats-Unis. Kamara était une
simple procureure et si elle condamnait ces policiers en ce moment précis, elle monterait toute
la police contre notre peuple. Elle donnerait aussi du grain à moudre au politicien raciste et
populiste comme Trump. Elle serait déposée, eu le même sort qui était réservé à notre
compatriote Claudine Gay de Harvard.
On a l’exemple vu de France où les manifestations contre les policiers ont fait monter la
popularité de Zemmour et des Le Pen.
Hier, s’il n’y avait pas eu le compatriote Jean-Luc qui est de tous les combats pour le vivre
ensemble, le Front national aurait pris le pouvoir.
Aux Etats-Unis, Obama était président (pas un simple procureur) et n’avait rien pu faire contre
les violences policières. Ces larmes n’y ont rien changé.

C’est pourquoi Kamala a adopté la meilleure stratégie : être dure avec ses sœurs et frères.

Pour protéger les petits délinquants précarisés et les faire sortir du cycle de l’emprisonnement,
la procureure Harris les maintient un peu plus longtemps en prison afin qu’ils bénéficient mieux
des programmes de réinsertion.
“Back on Track”, en 2005 était son initiative. “Ce programme de retour sur les rails lui a permis
de réduire les taux de récidive en Californie de 70% à 10%. Et c’est probablement son plus
grand et son plus beau succès en tant que procureure”, affirme David Vauclair.

“En tant que procureure, elle a aussi réorienté la Loi sur la prostitution des adolescentes et
permis de considérer les jeunes filles comme des victimes d’abord, et non pas comme des
criminelles, ce qui était le cas auparavant.” David Vauclair

Pour sortir de notre statut de dominés, nous devons être durs stratégiquement envers nos
enfants et nous-mêmes.
C’est ce que je fais aussi dans mon boulot. Je ne donne pas de répit à nos jeunes paresseux, à
ceux qui consomment des petits cannabis, qui ne veulent faire aucun apprentissage. Je ne
laisse pas le temps aux jeunes très intelligents qui veulent faire des raccourcis et refusent de
choisir de longues études.

Notre lutte collective n’est pas une lutte d’un jour mais une lutte d’éternité. Et rien ne sert
bêtement de mettre le temps d’un jour sur le dos, ceux qui pourraient nous aider à prendre le
pouvoir un jour et gagner notre lutte d’éternité.
Il est donc temps pour notre communauté de se réveiller et d’agir en conséquence.
La vie ne nous fait pas de cadeau en tant que peuple et nous ne devons pas nous faire de
petits cadeaux. Car si nous nous donnons de petits privilèges pendant que nous sommes
encore dans les chaînes, alors nous risquons de nous acheter d’autres nouvelles et plus
lourdes chaînes.
Ceux qui soutiennent Trump n’ont jamais dit qu’un jour, il avait conduit leur entreprise à la
faillite, soutenu ceux qui ont mis feu à nôtre église et tué nos gens.
Ils soutiennent Trump parce qu’il est comme “eux.”
Et l’on a vu des femmes blanches appeler Trump de venir coucher gratuitement avec elles,
quand d’autres l’accusent de coucher avec une actrice X et d’avoir ensuite acheté son silence.
Apprenons à fonctionner comme les peuples qui dominent ce monde.
Acceptons-nous aussi que Kamara emprisonne nos petits délinquants. L’essentiel, c’est le long
terme pour notre lutte collective.
La lutte dominants-dominants à ses propres règles et ceux qui la gagnent sont ceux qui suivent
ces règles.
Un peu de conflit, un peu de rapprochement, un peu de dialogue et beaucoup de ralliement font
recette pour la préparation de la dure victoire finale.
Soyons durs envers nous-mêmes. Car le nous demande plus, ce qu’il demande le moins aux
autres.

Asafo

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