Journée Mondiale de l’Alimentation 2024 : Quelle contribution du Programme Alimentaire Mondial pour améliorer le système alimentaire au Togo ?

Dans le village de Gbao, situé dans la préfecture d’Assoli, à 430 km de Lomé, vit Céphas, un garçon de 11 ans qui incarne à lui seul la résilience face aux défis de la précarité alimentaire. Chaque jour, Céphas, l’aîné d’une famille modeste, se lève à l’aube pour aider sa mère avant de parcourir 45 minutes à pied pour se rendre à l’école. Pour lui, le déjeuner à la cantine de son école représente plus qu’un simple repas. « La marche de 45 minutes est épuisante pour moi, surtout sans avoir mangé. Arrivé à l’école, le déjeuner à la cantine scolaire constitue mon premier repas de la journée, et parfois, le seul. Mais ce repas est une motivation pour moi », explique Céphas avec détermination. Son histoire, partagée par de nombreux enfants à travers le Togo, reflète les réalités difficiles de nos contrées. Alors que Céphas rêve de devenir footballeur, il symbolise la lutte quotidienne de millions d’enfants dans le monde pour accéder à une alimentation équilibrée, à une éducation et à des opportunités qui leur permettront de changer leur destin.

C’est dans ce contexte que la Journée mondiale de l’alimentation prend tout son sens. Le 16 octobre de chaque année, le monde se réunit pour sensibiliser aux enjeux de la sécurité alimentaire, de la malnutrition et de l’importance d’assurer à tous un accès équitable à une alimentation saine. Le thème de cette année, « Le droit à l’alimentation pour une vie et un avenir meilleurs », résonne particulièrement dans des pays comme le Togo, où l’accès à une alimentation suffisante et nutritive est un enjeu vital pour le développement durable.

Comme de nombreux pays en développement, le Togo fait face à des défis alimentaires complexes. Environ 30% de la population vit encore sous le seuil de pauvreté, ce qui limite leur accès à des aliments nutritifs. Les dernières données du Cadre Harmonise indiquent que 423 165 personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë sévère.  La région des Savanes reste la plus touchée par le débordement de la crise de Sahel. 49 000 personnes (refugiés et demandeurs d’asiles) ont été enregistrés en septembre 2024. De plus, les effets du changement climatique, notamment la variabilité des saisons agricoles, aggravent la précarité des moyens de subsistance des agriculteurs, qui représentent une grande partie de la population togolaise.

Les efforts pour garantir l’accès à une alimentation sûre, abordable, diversifiée et nutritive au Togo sont au cœur de la mission du Programme alimentaire mondial (PAM) qui, en collaboration avec le gouvernement et d’autres partenaires, déploie des programmes visant à renforcer la sécurité alimentaire.

Un programme intégré pour promouvoir des systèmes alimentaires résilients

L’alimentation scolaire intégrée, basée sur la production locale, est un pilier majeur des interventions du Programme alimentaire mondial (PAM) au Togo. En collaboration avec le gouvernement et des partenaires tels que l’Union Européenne, le PAM fournit des repas scolaires nutritifs à des milliers d’enfants dans les zones rurales. Depuis la rentrée scolaire 2022-2023, une phase pilote a été lancée dans 50 écoles des régions de la Kara et des Savanes, intégrant des produits locaux dans les cantines scolaires. D’ici 2025, l’objectif est d’étendre cette initiative à 150 écoles supplémentaires. En 2023, 16 232 enfants dans cinquante écoles de la région des Savanes et de la Kara ont bénéficié de repas chauds et nutritifs à l’école. Les jardins scolaires ont également été emménagés pour encourager la production locale de légumes, garantissant des repas diversifiés et nutritifs pour les élèves. Grâce à ces efforts, les repas scolaires fournissent environ 738 kcal par jour et par enfant, devenant pour beaucoup d’enfants le seul repas équilibré de la journée. Des unités de petits élevages ont été également construites dans les cinquante écoles à cantine, garantissant de la protéine animale aux enfants. De plus, trois coopératives féminines de transformation alimentaire, comprenant 92 femmes, ont été identifiées près de trois écoles à cantines. Ces femmes, formées à la transformation de l’arachide en dérivé comme la pâte, le beurre ou l’huile d’arachide, bénéficient désormais d’un marché régulier avec les cantines, augmentant ainsi leur production mensuelle d’huile d’arachide de 100 à 300 litres.

En partenariat avec l’Institut de Conseil et d’Appui Technique (ICAT), le PAM a formé en 2023 des membres d’organisations paysannes et des comités de gestion à des pratiques agricoles durables, comme l’utilisation d’engrais organiques et la rotation des cultures. Par ailleurs, 150 petits producteurs de la région de la Kara ont reçu des équipements agricoles fournis en partenariat avec la FAO, améliorant ainsi leur capacité de production et leur contribution à l’alimentation scolaire.

À travers des programmes d’éducation nutritionnelle, le PAM avec le soutien des services de santé transmet des messages clés sur les groupes alimentaires essentiels pour une alimentation saine, comme les céréales, les légumes, les fruits, les protéines d’origine animale ou végétale, et les produits laitiers.

Le PAM accompagne également les communautés dans la mise en valeur de leurs parcelles et dans la création d’actifs. En introduisant des pratiques telles que l’agroforesterie et des techniques d’irrigation durables, ces communautés contribuent à la préservation des écosystèmes locaux tout en garantissant une production agricole stable malgré les conditions climatiques extrêmes. Ces pratiques permettent non seulement de protéger l’environnement, mais aussi de garantir que les générations futures aient accès à des systèmes agricoles résilients et performants.

Une assistance alimentaire et un soutien nutritionnel pour les situations d’urgence

En réponse aux défis dans la région des Savanes, particulièrement touchée par le débordement de la crise du Sahel avec pour corollaire, des mouvements de population, le PAM a déployé une assistance d’urgence en fournissant des rations alimentaires à des milliers de réfugiés, de personnes déplacées internes et des communautés hôtes. Cette année 63 440 personnes ont été touchées par les opérations de distribution générale de vivres dans la région des Savanes. En plus de cela, lors de chocs saisonniers (sécheresses, inondations), le PAM agit rapidement pour assurer que les populations affectées puissent accéder à une assistance alimentaire. Le PAM intègre des services axés sur la nutrition dans ses interventions auprès des populations vulnérables touchées par l’insécurité alimentaire et la malnutrition. Un accent particulier est mis sur l’amélioration de l’état nutritionnel des enfants âgés de 6 à 23 mois et des femmes enceintes et allaitantes, grâce à la distribution d’aliments enrichis. En 2023 par exemple, le PAM a notamment fourni des rations en alimentation supplétive de Super Cereal et d’huile fortifiée à 3 120 enfants et à 2 080 femmes enceintes et allaitantes. Des actions combinées avec le ministère de la Santé, telles que le dépistage actif et la prise en charge des cas de malnutrition, ont permis de réduire la malnutrition aiguë sévère de 3 % à 1 % et la malnutrition aiguë modérée de 10 % à 7 % au cours de la même année.

Un avenir de sécurité alimentaire

Pour que nos systèmes alimentaires soient abondants, abordables et nutritifs et qu’ils répondent aux besoins des communautés vulnérables et des groupes marginalisés, nous devons les transformer pour qu’ils soient plus efficaces, inclusifs, résilients et durables. Garantir la sécurité alimentaire et une nutrition suffisante pour tous est essentiel à la stabilité mondiale, au progrès durable et à l’espoir d’un avenir meilleur pour tous. Le futur que nous envisageons est un avenir dans lequel chaque enfant, chaque famille, chaque communauté au Togo peut non seulement accéder à de la nourriture en quantité suffisante, mais aussi avoir les moyens et les connaissances pour adopter des habitudes alimentaires saines et durables. Le PAM reste fermement résolu à soutenir les efforts du gouvernement togolais pour réaliser cet avenir, en particulier dans les zones rurales et les régions vulnérables.