En se rendant ce mercredi 4 décembre 2024 dans le port angolais de Lobito, Joe Biden va tenter, juste avant de quitter le pouvoir, d’expliquer en quoi les États-Unis doivent faire « mieux » mais pas forcément « plus » que la Chine pour regagner en influence sur le continent africain.
« Pour les investissements des États-Unis par rapport aux investissements d’autres, il ne s’agit pas de faire plus ou moins, il s’agit de faire autrement. Nous en voyons d’autres arriver avec de très gros chèques, construire beaucoup de choses, mais cela vient avec des taux d’intérêt élevés, avec des conditions vraiment difficiles et sans engagements pour la société » civile des pays africains, a assuré un haut responsable de la Maison-Blanche pendant un échange avec la presse.
Le président américain avait promis de faire une visite officielle en Afrique.
Il s’exécute en toute fin de mandat, alors qu’il n’a plus guère de poids politique, ce qui suscite des interrogations sur la portée réelle de son déplacement en Angola, ancienne colonie portugaise, longtemps alliée de l’Union soviétique.
Il avait entamé son voyage mardi par une rencontre avec le président Joao Lourenço, considéré comme un solide allié par les États-Unis, et par un discours évoquant en particulier l’esclavage.
Mercredi, Joe Biden a un programme tout entier consacré à l’économie.
Il effectuera une visite du port de Lobito, à environ 500 kilomètres au sud de la capitale Luanda, puis d’une entreprise agroalimentaire, avant des rencontres avec le président angolais, ceux de la République démocratique du Congo et de la Zambie, et le vice-président de la Tanzanie, ainsi que des chefs d’entreprises.
Joe Biden devrait annoncer de nouveaux investissements de 600 millions de dollars dans le « Couloir de Lobito », un vaste projet d’infrastructure et d’échanges commerciaux.
Ce « Couloir », si le chantier va à son terme, doit relier l’Océan Atlantique à l’Océan Indien, et faciliter ainsi les exportations de matières premières très stratégiques telles que le cuivre et le cobalt, tout en développant, selon Washington, les échanges agricoles et le commerce en général.
De 45 jours à 45 heures
Dans un premier temps, le « Couloir de Lobito », projet également soutenu par les Européens, doit permettre de réduire de manière spectaculaire le temps de transport de minerais entre la RDC ou la Zambie et la côte : de 45 jours aujourd’hui par la route à 40 à 50 heures par train.
Le haut responsable américain déjà cité s’est dit persuadé que Donald Trump, qui prêtera serment le 20 janvier, soutiendrait ce projet, conçu comme une vitrine de la stratégie américaine face aux gigantesques chantiers d’infrastructures financés par Pékin en Afrique.
« Vous ne pouvez pas prétendre être en compétition avec la Chine et ne pas soutenir ce qui se passe ici », a-t-il dit.
Le président républicain élu promet la fermeté face à la Chine, et entend en particulier déclencher un bras de fer commercial.
Pendant son premier mandat, Donald Trump n’avait pas manifesté un grand intérêt pour l’Afrique, et s’était montré ouvertement méprisant pour certains Etats du continent, qu’il avait qualifiés de « pays de merde ».
Reste que pour faire du « Couloir de Lobito » un réel succès, les États-Unis devront coopérer avec la Chine. Cette dernière « domine le secteur minier en RDC et en Zambie », rappelle Mvemba Phezo Dizolele, expert au Centre d’études stratégiques et internationales, un institut de recherches basé à Washington.
Pour ses détracteurs, ce « Couloir de Lobito » est un projet « d’exploitation et d’accaparement » des richesses minières africaines, en réalité « comparable aux Routes de la Soie », le gigantesque plan d’infrastructures mondial chinois, souligne-t-il.
© AVEC AFP