Le maire de L’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) Mohamed Gnabaly a décidé de fermer le stand du Maroc de la « Station Afrique », site de célébration des Jeux olympiques, estimant que les « règles de neutralité » n’ont pas été respectées, une décision jugée « unilatérale et arbitraire » par le consulat marocain.
La ville « a dû hier matin signifier à la représentante du Maroc la fin de la convention d’occupation qui liait notre ville à l’ambassade du Maroc dans le cadre de Station Afrique », un site qui met en avant « les athlètes, les artistes, les cultures et les peuples africains » pendant les Jeux olympiques et paralympiques, selon un communiqué publié ce dimanche 04 août 2024.
Les « engagements de neutralité » (…) ont été « gravement remis en question jeudi » lors de la soirée en l’honneur du Maroc, assure le maire de gauche sans étiquette.
« La chanteuse Saida Charaf a prononcé à deux reprises devant le public (le Sahara occidental est marocain, merci président Macron) », selon le récit de l’édile.
« L’expression spontanée d’une opinion par Mme Charaf ne constitue ni une politisation des Jeux, ni un obstacle aux engagements de neutralité », a réagi le consulat du royaume du Maroc à Villemonble (Seine-Saint-Denis) sur X, jugeant « cette résiliation unilatérale et arbitraire ».
Dans une lettre adressée au roi Mohammed VI à l’occasion de l’anniversaire de son intronisation il y a 25 ans et rendue publique mardi, Emmanuel Macron a estimé que « le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ».
Sans reconnaître expressément la « marocanité » du Sahara occidental, cette prise de position a fait réagir vivement l’Algérie qui a décidé dans la foulée de retirer son ambassadeur en poste à Paris. Cette décision va au delà d’un simple rappel d’ambassadeur pour des consultations. Il s’agit d’une diminution de la représentation diplomatique de l’Algérie à Paris.
Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est contrôlé en majeure partie par le Maroc (qui a proposé en 2007 un plan d’autonomie sous sa souveraineté) mais revendiqué par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, qui réclament un référendum d’autodétermination. Ce dernier a été prévu lors d’un cessez-le-feu en 1991 mais n’a jamais été organisé.
L’ONU considère ce territoire, aux riches eaux poissonneuses et aux importantes réserves en phosphates, comme un « territoire non autonome ».
M. Gnabaly qui a assuré vouloir « garantir la neutralité » autour de la question du Sahara occidental est intervenu sur scène pendant le concert et a été « hué », selon une vidéo consultée par l’AFP.
« Face à l’inaction » et « sans excuse » des représentants du royaume du Maroc, il a décidé de fermer leur stand.
© AVEC AFP