Les violations des droits de l’homme se multiplient au Congo, notamment les arrestations arbitraires et disparitions forcées, s’inquiète l’ONG Centre d’actions pour le développement (CAD) dans un rapport publié vendredi.
Intitulé « Quand le déni des droits de l’homme est au pouvoir », ce rapport de 200 pages est le résultat d’enquêtes menées dans sept des douze Départements du pays par le CAD, une organisation de défense des droits humains.
« Depuis 2021, le CAD alerte sur la détérioration des droits humains dans le pays. Chaque année les conclusions sont terribles mais cette fois-ci, le pays a passé un cap supplémentaire », a déclaré Trésor Nzila, directeur exécutif du CAD, lors de la présentation de ce rapport annuel.
« Nous avons documenté en cette année 2024 8.216 cas de violations des droits humains, alors qu’en 2023, nous étions à 2.092 cas », a indiqué M. Nzila.
« C’est une augmentation très importante. Cela nous inquiète (…) Il y a un écart important entre le discours officiel et la réalité sur le terrain. Nous constatons que les violations ne reculent pas ; elles augmentent », a-t-il insisté.
Le rapport fait état des cas d’arrestations arbitraires, de torture et mauvais traitements, de disparitions forcées, etc.
« La disparition forcée a augmenté de 200% comparativement à l’année passée. La force publique a détenu au secret et a fait disparaître de force des gens. Les uns n’ont plus donné signe de vie après leur interpellation », peut-on lire dans ce rapport.
« Ce chiffre ne représente nullement toute la réalité. Ce n’est que la partie visible par nos petits yeux d’une situation bien plus préoccupante », indique le CAD dans un communiqué.
Dans les prisons, « les conditions de détention menacent éperdument la vie des détenus » qui vivent au milieu des déchets, urines, excréments, moisissures, promiscuité forcée, famine, malnutrition, ajoute-t-on.
Durant l’année 2024, « aucune enquête sérieuse n’a été achevée, aucun procès n’a eu un épilogue, et suivant cette logique, aucune condamnation n’a été rendue possible contre les auteurs » de ces violations des droits des personnes, note le rapport.
Petit pays d’Afrique centrale de 5 millions d’habitants, le Congo-Brazzaville est riche en pétrole, avec une production estimée à 350.000 barils par jour.
Dans son rapport, le CAD dénonce aussi les violations des droits économiques et sociaux, dans ce pays où « les structures hospitalières sont en lambeau ».
« Nous avons l’impression que le gouvernement a divorcé d’avec sa population, parce que les droits sont bafoués continuellement », a regretté M. Nzila.
Les autorités congolaises n’ont pas encore réagi au rapport du CAD.
Avec AFP