Confronté à des bâtiments « vieillissants », l’Opéra national de Paris va devoir rénover ses plateaux scéniques, au Palais Garnier et à l’Opéra Bastille, les obligeant à fermer pendant deux ans chacun à partir de mi-2027, pour un coût estimé provisoirement à 200 millions d’euros.
La prestigieuse institution publique dirigée par l’Allemand Alexander Neef a apporté des précisions sur le calendrier prévisionnel des travaux, arrêté en juillet.
Ce, une semaine après la parution d’un rapport de la Cour des comptes détaillant les défis à venir de l’Opéra national de Paris, dont celui de « la rénovation bâtimentaire et scénique » des deux bâtiments, qualifiés par les magistrats de « vieillissants » et de « sous-financés de longue date ».
Au Palais Garnier, un des joyaux de l’architecture de la capitale qui fêtera en 2025 ses 150 ans, classé « monument historique » en 1923, « les travaux les plus importants débuteront à l’été 2027 et porteront sur la rénovation des équipements scéniques et de la cage de scène », a affirmé l’institution à l’AFP.
Dans un rapport publié la semaine dernière, la Cour des comptes avait estimé que « le remplacement des moteurs du cintre (espace situé au-dessus de la scène et permettant la manipulation des décors, ndlr) de la cage de scène constituait une priorité ».
« Le plateau étant inaccessible » de mi-2027 à mi-2029, sa programmation artistique « sera interrompue pour une durée de deux ans », a ajouté l’Opéra national de Paris.
Selon lui, pendant cette période, « la programmation de l’Opéra Bastille accueillera une proportion égale de représentations d’opéras et de ballets. Des spectacles seront également programmés hors les murs, à Paris, dans des salles partenaires, et plus largement en France ».
Le bâtiment de Garnier, dont la façade est elle déjà en cours de restauration depuis plusieurs mois, restera « accessible aux visites » (avec des restrictions prévisibles pour la salle de spectacle). Ces dernières ont atteint le nombre record de 1,2 million en 2023.
Etanchéité des toitures
L’Opéra Bastille, réalisé par l’architecte Carlos Ott et inauguré en 1989 va, lui, faire face à des « travaux de rénovation lourde », qui concerneront les « équipements scéniques notamment », ce « pas avant mi-2030 » et « avec une fermeture du plateau pour une durée estimée à deux ans », a détaillé l’institution. Là encore, c’est l’autre site qui accueillera les programmations, tout comme des salles partenaires ailleurs.
En outre, « des travaux en sites occupés seront engagés (étanchéité des toitures et terrasses, façade vitrée…), avant cette période de fermeture comme après ».
Selon un audit de 2019 cité par la Cour des comptes, « les priorités », pour ce lieu sont multiples : « rénovation des machineries scéniques », « modernisation des équipements scéniques (cintres, podiums primaires et secondaires, cadre de scène et la fosse d’orchestre) », « réduction de la consommation du plafond lumineux », mais aussi « étanchéité des toitures terrasses ».
L’Opéra avait par ailleurs indiqué en mars mener une réflexion pour valoriser les espaces publics de cet édifice aujourd’hui fermés en dehors des représentations.
La semaine dernière, la Cour avait évoqué un « plan d’investissement » de 200 millions d’euros « au minimum » d’ici 2030. Ce montant est « en cours d’actualisation, en fonction de diagnostics en cours », a précisé l’Opéra. « Il reposera sur l’autofinancement de l’Opéra et sur le soutien de l’Etat ».
L’institution était redevenue bénéficiaire en 2023, pour la première fois depuis 2017, grâce entre autres au retour du public dans les salles, au mécénat et à un record de visites du Palais Garnier.
En 2024, elle a toutefois été touchée par des coupes budgétaires de l’Etat, à hauteur de six millions d’euros, avait indiqué le ministère de la Culture en avril.
Pour la saison 2024-2025, elle a proposé 30 productions (19 opéras et 11 ballets) au public. Son directeur général Alexander Neef, initialement nommé jusqu’en 2026, a vu son mandat renouveler jusqu’en 2032.
© AFP