La dernière sortie des États-Unis sur le groupe Wagner pourrait bien faire grincer des dents à la Russie.
En effet, dans un rapport publié le 24 septembre 2024, le Center for Advanced Defense Studies (C4ADS), un think tank américain, dévoile les mécanismes complexes par lesquels le groupe Wagner a réussi à s’immiscer dans le système financier international pour lancer ses activités minières en Afrique.
Cette révélation, qui met en lumière l’implication involontaire de grandes banques occidentales dans les opérations de Wagner, risque d’exacerber les tensions déjà vives entre les États-Unis et la Russie.
Le document, intitulé « Unearthed: How Wagner’s Mining Operations Entangled With Global Systems », détaille comment le groupe paramilitaire russe a habilement exploité un réseau international de facilitateurs pour contourner les sanctions et opérer en toute discrétion.
Des géants bancaires tels que JPMorgan Chase et HSBC se sont retrouvés, à leur insu, au cœur de transactions liées aux activités de Wagner en République centrafricaine et au Soudan.
L’enquête du C4ADS s’appuie sur une analyse minutieuse de contrats, factures et relevés bancaires issus de l’entourage d’Yevgeny Prigozhin, le fondateur de Wagner.
Elle révèle notamment que Meroe Gold, une filiale de Wagner active dans l’exploitation aurifère au Soudan, a utilisé les services de JPMorgan Chase comme intermédiaire pour des transactions dépassant les 688 000 dollars.
Ce qui frappe dans ces révélations, c’est la sophistication du système mis en place par Wagner. Le groupe a su tisser un réseau complexe d’intermédiaires locaux et internationaux, rendant presque impossible la détection de ses activités par les systèmes de conformité bancaire.
La stratégie adoptée a permis à Wagner de s’insérer dans l’économie légale tout en poursuivant ses objectifs géopolitiques controversés.
Le rapport souligne pareillement l’implication involontaire de grandes compagnies maritimes comme Maersk, Bolloré et Hapag-Lloyd AG dans l’acheminement d’équipements miniers vers les sociétés affiliées à Wagner en Afrique.
Pour rappel, cette sortie sur Wagner intervient dans un contexte dans lequel la Russie et les États-Unis en sont quasiment à couteaux tirés.
Elles risquent d’alimenter les accusations américaines sur l’influence déstabilisatrice de la Russie en Afrique et pourraient conduire à un renforcement des sanctions contre les entités liées à Wagner.
Pour Moscou, ces allégations seront probablement perçues comme une nouvelle tentative de Washington de saper ses intérêts en Afrique.
La Russie, qui a repris le contrôle de Wagner après la tentative de mutinerie de Prigozhin, pourrait voir dans ce rapport une manœuvre visant à entraver ses efforts de restructuration du groupe paramilitaire.