Le Canada, voisin des États-Unis, a annoncé jeudi 5 décembre 2024 l’interdiction de vente des 324 modèles d’armes d’assaut, offrant une amnistie afin de les récupérer auprès des armureries, dans le but de les envoyer en Ukraine.
Cette mesure intervient à la veille du 35ᵉ anniversaire de l’attaque antiféministe qui a tué 14 femmes à l’École Polytechnique de Montréal.
Ce massacre a laissé des cicatrices profondes dans la conscience collective nationale.
« Honorer la mémoire de ceux que nous avons perdus lors de fusillades de masse, c’est agir sur le contrôle des armes à feu et restreindre l’accès aux armes utilisées pour commettre ces crimes horribles », a déclaré le ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, lors d’une conférence de presse.
« Notre objectif est de garantir qu’aucune communauté, aucune famille, ne soit dévastée par des fusillades de masse au Canada à l’avenir », a-t-il ajouté.
Nathalie Provost, survivante de l’attaque de l’École Polytechnique du 6 décembre 1989 et militante de longue date pour le contrôle des armes à feu, a commenté : « Je pleure, mais je souris aussi, car c’est une étape importante ».
« C’est un signal fort envoyé aux personnes souhaitant posséder ce type d’armes : le gouvernement agit », a-t-elle déclaré.
Les fusillades sont moins fréquentes au Canada qu’aux États-Unis, mais les statistiques criminelles montrent une augmentation constante des crimes violents impliquant des armes à feu au cours de la dernière décennie.
Selon les données les plus récentes, il y a eu 1 400 fusillades en 2022, soit 36,7 incidents pour 100 000 habitants.
En 2020, le Canada avait interdit 1 500 modèles d’armes d’assaut en réponse à la fusillade de masse la plus meurtrière de son histoire, qui avait fait 22 morts en Nouvelle-Écosse.
L’annonce de jeudi porte à plus de 1 800 le nombre de modèles d’armes à feu que les Canadiens ne peuvent plus acheter, vendre ou importer.
On estime qu’environ 14 500 armes déjà en circulation pourront être rendues dans le cadre d’une amnistie en vigueur jusqu’en octobre 2025, qui prévoit une compensation pour les propriétaires.
Le ministre de la Défense, Bill Blair, a déclaré qu’Ottawa travaillerait avec les distributeurs et les armureries qui pourraient encore en avoir en stock « afin de sortir ces armes du Canada et de les mettre entre les mains des Ukrainiens… pour les utiliser dans leur lutte contre la Russie ».
« Chaque aide que nous pouvons offrir aux Ukrainiens est un pas de plus vers leur victoire », a-t-il affirmé.
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