Le Parlement bulgare a interdit mercredi à une très large majorité la « propagande » LGBT+ à l’école, un vote surprise sur fond de « guerre culturelle » attisée par les Jeux olympiques de Paris selon des ONG.
L’amendement, introduit sur proposition du parti d’extrême droite prorusse Vazrajdane (Renaissance), a été adopté avec 159 voix (22 contre et 13 abstentions).
Il rend illégal « l’encouragement » d’une « orientation s3xuelle non-traditionnelle » et d’une identité de genre « différente de la biologique« , sur le modèle d’une loi hongroise fortement décriée par Bruxelles.
Les rapporteurs ont justifié la nécessité de légiférer rapidement en raison d’une « normalisation inacceptable de l’orientation sexuelle non-traditionnelle », opérée par la « propagande » actuelle selon eux.
Pour Denitsa Lubenova, avocate de l’association LGBT+ Deistvie (Action), ils ont « profité » d’un contexte actuel de « guerre culturelle » autour des JO pour faire passer cette réforme.
L’Eglise orthodoxe a vivement critiqué la cérémonie d’ouverture qui avait fait une place aux minorités s3xuelles et de genre, et la Bulgarie a dénoncé la participation des boxeuses algérienne Imane Khelif et taïwanaise Lin Yu-ting, jugeant qu’elles représentaient « l’autre sexe ».
Des manifestants sont descendus en fin d’après-midi dans les rues de la capitale Sofia pour protester contre l’adoption du texte, aux cris de « Honte à vous ! » et « Arrêtez de chasser les gens de Bulgarie ».
Parmi eux, Sanya Kovacheva, architecte de 35 ans, a dénoncé « des politiciens qui exploitent la désinformation prospérant autour des Jeux et surfent sur la vague de la haine contre la communauté LGBT+ », à l’approche de nouvelles élections prévues en octobre.
L’ONG LevFem, à l’initiative du rassemblement, estime que cet amendement va rendre impossible « toute lutte contre le harcèlement scolaire des jeunes lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres ».
Pour Radoslav Stoyanov, vice-président du comité Helsinki bulgare de défense des droits humains, la nouvelle législation va empêcher la diffusion d’une « information scientifique » auprès des élèves concernant les minorités.
La Bulgarie, membre de l’Union européenne, est en proie à une grave instabilité politique et ses électeurs sont appelés aux urnes cet automne pour la septième fois depuis 2021.
Cet ancien pays communiste, où l’opinion publique est largement hostile aux LGBT+, n’autorise ni le mariage ni l’union civile entre personnes de même s3xe.
En Hongrie, depuis l’été 2021, évoquer l’homos3xualité devant des mineurs est passible d’une amende.
Fin juin, le Parlement en Géorgie avait aussi voté en première lecture une loi interdisant la « propagande LGBT+ », très similaire à une législation utilisée en Russie pour réprimer les minorités sexuelles et de genre.
Avec l’AFP