Affaire Pogba : « C’est totalement faux », Mathias, le frère de Paul surprend au tribunal

« On m’a utilisé » : au procès de la séquestration en vue de l’extorsion du footballeur Paul Pogba, Mathias, son grand frère, a assuré ce mardi 3 novembre 2025 devant le tribunal correctionnel de Paris avoir été manipulé.

Bouc bien taillé, carrure imposante dans un costume noir et mocassins aux pieds, il est le dernier des six prévenus à venir à la barre: l’air de famille avec l’ex-international français est indéniable.

Absent lors de la séquestration de Paul Pogba, dans la nuit du 19 au 20 mars 2022, il est soupçonné d’avoir « commis des pressions contre son frère et contre sa famille afin de s’assurer du paiement de la somme de 13 millions d’euros ».

Devant le tribunal, Mathias Pogba, 34 ans, explique qu’il ne savait rien de l’agression dont son cadet a été victime. En tout cas jusqu’à mi-juillet 2022, quand il croise « par hasard » les amis du joueur de la Juventus Turin à la salle de gym, dans laquelle il allait pourtant occasionnellement s’entraîner.

Roushdane K., un de ses co-prévenus, le prend à part et lui raconte tout : le braquage et surtout les agressions dont tous les amis d’enfance ont été victimes depuis, à cause du silence de Paul Pogba et de l’absence de versement d’argent (voiture brûlée, menaces, tir à bout portant dans la main).

Mathias Pogba, lui aussi footballeur et à cette époque en fin de contrat avec le club de Belfort, dans l’est de la France, dit ne pas en revenir que son frère ne se soit pas confié à lui.

« Tétanisé »

Il raconte être parti alors à Turin, accompagné de ses amis parler à son frère, car il estime que la famille entière est en danger : « Pour moi, c’est un cas d’urgence. Je fais juste mon rôle de grand frère ».

Mais il ne verra jamais son frère qui refuse de les voir. C’est d’ailleurs ce jour-là que Paul Pogba décide de porter plainte en Italie et qu’il dénonce la séquestration.

Mathias Pogba affirme avoir à son tour été agressé, quelques jours après son retour de Turin. « J’ai levé les mains, j’étais tétanisé », dit-il au tribunal. « Ils m’ont dit : +Dis à ton frère de payer, sinon la prochaine étape, c’est ta mère+ ».

Le prévenu raconte alors avoir cherché une nouvelle fois à joindre son frère, sans succès, ce qui le met en colère. « A ce moment-là, je suis dans la jungle, j’étais dans la merde et il n’a rien fait », dénonce Mathias Pogba, toujours furieux.

C’est là qu’il pense à enregistrer une vidéo pour mettre la pression sur son frère avec l’aide, explique-t-il, de Roushdane K. qui lui prête son appartement, fourni le matériel et propose à un ami de rédiger les messages dans lesquels Mathias Pogba menace son frère et l’accuse d’avoir marabouté Kylian Mbappé.

« Intention de nuire »

« Vous avez honte de vous? », demande son avocat, Me Mbeko Tabula. « Aujourd’hui, oui », répond Mathias Pogba, « mais les derniers réseaux sociaux c’était ma seule issue », confesse-t-il, avant d’accabler une nouvelle fois Roushdane K.

Pour le ministère public, le discours du frère délaissé et inconsolable a du mal à passer. « Je vois beaucoup d’intention de nuire dans vos agissements et le besoin d’attirer de la sympathie à votre égard », l’interpelle une des procureures.

La relation financière entre les deux frères est également évoquée. Paul Pogba étant absent à l’audience, sa déposition devant les enquêteurs est lue à l’audience. Le footballeur évoquait être attristé par les demandes de son grand frère, « le plus insistant ». De manière régulière, il « me redemandait, me redemandait encore », affirmait l’international.

« C’est totalement faux! », s’insurge Mathias Pogba. « Moi je suis un soldat, je me bats pour moi, je n’ai pas besoin de demander à droite et à gauche ».

« Etes-vous envieux de Paul? », demande son conseil.

« Non, jamais », répond Mathias.

« Etes-vous fier de Paul? ».

« Oui, toujours », poursuit le grand frère qui déclare vouloir « repartir sur de nouvelles et belles aventures, pour avancer ensemble en famille ».

Mathias Pogba est jugé pour tentative d’extorsion et association de malfaiteurs délictuelle. Il risque jusqu’à cinq ans de prison. Le procès se poursuit mercredi 3 décembre 2024 avec les réquisitions du parquet.

Avec l’AFP

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