La Tunisie peut désormais souffler un peu. Enfoncé dans une profonde crise, le pays reçoit un soutien financier substantiel du fonds islamique ITFC (Société islamique internationale de financement du commerce), basé en Arabie saoudite.
Cette aide, sous la forme d’un prêt de 1,2 milliard de dollars étalé sur trois ans, vise à pallier les difficultés rencontrées par les entreprises publiques tunisiennes, largement endettées.
L’accord-cadre pour ce financement a été conclu le 28 avril à Riyad, signé par la ministre de l’Économie tunisienne Feryel Ouerghi et le PDG de l’ITFC, Hani Salem Sonbol, en marge des réunions annuelles du groupe de la Banque islamique pour le développement (BID).
Cette injection financière est destinée principalement à financer les importations de matières premières, notamment de produits pétroliers, essentielles aux entreprises publiques du pays.
La Tunisie, dont l’économie est fortement tributaire de ses importations, fait face à une dette représentant près de 80 % de son PIB, exacerbant ainsi les difficultés économiques.
La crise économique qui secoue le pays s’est manifestée par une récession au cours des deux derniers trimestres de l’année 2023.
Cependant, les prévisions des économistes laissent entrevoir une légère reprise, avec une croissance estimée autour de 2 % pour l’année en cours, contre seulement 0,4 % l’année précédente.
L’État tunisien, qui détient la majorité des entreprises publiques, se trouve dans une position délicate.
Ces entreprises, dont la plupart sont déficitaires, sont cruciales pour l’approvisionnement en produits subventionnés, tels que les carburants et les céréales, sur lesquels l’État exerce un contrôle centralisé.
Parmi ces entreprises figure la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), jadis un fleuron industriel du pays, dont la production a chuté depuis la Révolution de 2011, en raison d’un manque d’investissements et de troubles sociaux récurrents.
La crise financière a également contraint l’État à chercher des solutions alternatives pour répondre à ses obligations de paiement.
En février, le Parlement a donné son aval à un financement direct du budget de l’État par la Banque centrale de Tunisie, à hauteur de 7 milliards de dinars (environ 2 milliards d’euros), considéré comme une mesure exceptionnelle.
Cette situation financière précaire est accentuée par le rejet, il y a un an, d’un nouveau crédit du FMI de 2 milliards de dollars par le président tunisien Kaïs Saïed.
Ce rejet était motivé par les craintes que les réformes exigées en contrepartie ne soient pas soutenables pour la population tunisienne, aggravant ainsi le manque de liquidités dans le pays.