Comme un dernier coup avant de rendre leur tablier, les députés de la législature 2018 – 2023 ont procédé au changement complet de ce qui reste de l’esprit de la Constitution adoptée par référendum par le peuple togolais dans sa grande majorité, en 1992. Le moment choisi pour opérer une telle “opération “forfaiture” comme l’appellent ceux qui se lèvent contre ce changement constitutionnel, n’est certainement pas anodin quand on sait que des élections sont prévues dans moins d’un mois.
Quand on part du principe que des députés ont pu, sans aucune hésitation, décider d’un changement de régime politique sans débat ni concertation nationale, ce qui est au demeurant un évènement fondamental dans la destinée d’une nation, on peut en déduire que d’autres députés investis d’un mandat similaire puisse valablement réopérer un changement de régime par un vote majoritaire.
Partant de ce principe, on peut imaginer qu’en cas de majorité absolue aux élections législatives du 20 avril prochain de l’opposition togolaise et de tous les autres candidats qui sont vent debout contre la « nouvelle constitution » mise en place par les “députés illégitimes”, ceux-ci puissent naturellement ramener l’ancien texte pour mettre fin au coup de force dénoncé.
Il convient alors de se questionner sur la raison qui puisse motiver le parti au pouvoir UNIR à s’engager dans cette voie qui dénote une certaine volonté de faire passer un texte “pendant qu’il est temps”.
Sur l’analyse des résultats proclamés de toutes les élections qui ont lieu au Togo depuis l’avènement du multipartisme, le régime RPT/UNIR a toujours été déclaré vainqueur. Une autre donnée sur toutes ces élections (législatives ou présidentielles) est qu’elles ont toujours fait l’objet de contestation par l’opposition.
De tout ceci, il ressort des questionnements sur les prochaines élections législatives. Est-ce que le régime RPT/UNIR pourra enfin se laisser distancer par l’opposition aux élections ? Il ne faut surtout pas perdre de vue qu’une victoire éclatante de l’opposition à ces élections ramènerait tout l’empressement de ces derniers jours à modifier la constitution à zéro.
D’où l’incertitude sur la fiabilité des résultats qui sortiront des urnes après le 20 avril, puisque c’est toujours le même régime qui organise ces élections. Etant donné surtout que l’idée derrière cet empressement de changer la Constitution reste le pouvoir à vie qu’on veut offrir à Faure Gnassingbé. D’ailleurs, l’opposition a commencé depuis un certain temps à dénoncer les irrégularités qui entachent le porcessus devant aboutir au scrutin.
Tout porte à croire qu’au-delà des enjeux ordinaires liés à toute élection politique, il y aura un autre enjeu sous ombre aux urnes le 20 avril 2024.