Alors que les faux apôtres du panafricanisme rivalisent de génuflexions pour plaire aux puissants, troquant l’honneur contre le confort, Bellick Sifiwe s’est levé seul, tel un roc contre la marée de la soumission. Dans l’arène politique togolaise, où la forfaiture s’habille des couleurs du panafricanisme, certains ont élevé la servilité au rang d’art, à l’image de Franklin nyamsi, emblème d’une génération de courtisans plus prompts à se prosterner qu’à dénoncer. Son zèle obséquieux, offrant son fondement hautement apprécié par son bienfaiteur et ami Robert Dussey, symbolise cette dérive : celle d’un panafricanisme captif des salons du pouvoir, détourné de sa mission première — la libération des peuples de toutes les servitudes.
Le feu d’un héritage insurgé
Descendant des Balanta de Guinée-Bissau, vagabond de la mémoire et des luttes, Bellick Sifiwe, aussi connu sous les noms de Siphiwe Ka Baleka Bey El ou Brassa Mada, porta la voix des ancêtres jusque dans les sphères modernes. Activiste afrodescendant installé aux États-Unis, il voua son existence à réconcilier le continent et sa diaspora, à exposer les ombres du néocolonialisme et à appeler à la restauration d’une souveraineté africaine totale.
Avec des collectifs tels que The Spe@k E@sy et la World African Diaspora Union, il rebâtit les ponts de la mémoire Sankofa : ce retour aux sources nécessaires pour refonder une Union des États d’Afrique unie, digne et souveraine. Sa plume, trempée dans la colère et la dignité, rappelait sans relâche que la liberté ne se mendie pas : elle se conquiert.
Le rugissement à Lomé
Décembre 2025. Sous les voûtes du 9ᵉ Congrès panafricain organisé à Lomé, la mise en scène semblait parfaite : le pouvoir se déguisait en champion de l’unité africaine. Mais la vérité n’obéit pas aux convenances. Bellick Sifiwe prit la parole ; clair comme le tonnerre, brûlant comme la justice.
Face à une assemblée figée dans l’hypocrisie, il rappela la mémoire de Sylvanus Olympio, trahi et assassiné, et dénonça la faute immense de tenir un congrès « panafricain » sans les Togolais eux-mêmes, peuple meurtri, emprisonné, exilé ou cloîtré dans leurs domiciles par un dispositif policier et militaire d’une ville en état de siège.
Héritage et renaissance
Ce jour-là, le masque du pouvoir se fissura. Le congrès prévu pour la célébration devint un espace de confrontation. Par la seule force de sa parole, Bellick Sifiwe montra que le vrai panafricanisme ne se niche pas dans les couloirs des palais ; il bat dans le cœur de ceux qui refusent le mensonge.
Son nom s’ajoute à la lignée des géants — Nkrumah, Lumumba, Sankara — et son message résonne encore : l’Afrique renaîtra, non pas par les flatteries des esclaves dorés, mais par le courage de ceux qui refusent de plier le genou.
Par Karl Adadé GABA
Extrait du discours de *Bellick Sifiwe, lors du *9ᵉ Congrès panafricain organisé du 8 au 12 décembre 2025 à Lomé au Togo sous l’égide du dictateur Faure Gnassingbé.
« L’histoire du Togo est marquée par des crimes : l’assassinat du premier président panafricain, Sylvanus Olympio, dont le corps est enterré aujourd’hui, a déshumanisé le peuple togolais et perpétué des injustices jusqu’à ce jour. Le congrès est organisé sur le dos du peuple togolais, dont beaucoup vivent dans la diaspora. Et le peuple togolais demande la prospérité et la dignité économique. Cette exclusion constitue une trahison des principes panafricains, puisque les Togolais eux-mêmes, ceux qui sont directement concernés, ne sont pas ici aujourd’hui, et une trahison également du principe Ubuntu. Des centaines de prisonniers politiques subissent des traitements inhumains ; certains sont exilés, d’autres sont contraints de force à des grèves de la faim, et d’autres encore sont assassinés. Je demande donc humblement au ministre Dussey que, lors de ce congrès, le Togo prenne les devants dans la mise en œuvre d’une résolution pour une amnistie générale des prisonniers politiques. »
Vidéo de l’intervention de Bellick Sifiwe