Au Togo, l’indignation est un exercice quotidien. Mais à force de crier dans le désert, les voix libres s’épuisent. L’opposition ? Calomniée, piégée, fracturée, infiltrée. La société civile ? Vilipendée, traquée, réduite au silence.
Pendant ce temps, le régime de Faure Gnassingbé, expert en duplicité et en manipulation, orchestre son ballet de fausses élections et de vraies répressions.
Les chevaux de Troie du pouvoir ont colonisé les mouvements d’opposition, jusqu’à la diaspora. Ils sabotent les dynamiques populaires, étouffent les élans de liberté et s’érigent en arbitres de la respectabilité politique. Leur mission : neutraliser toute voix qui refuse de courber l’échine. Résultat ? Les vrais résistants sont traités en parias, tandis que les ambigus sont promus interlocuteurs légitimes.
L’élite et la presse, elles, jouent trop souvent les figurants. Paresseuses ou complices, elles recyclent les éléments de langage du pouvoir, caricaturent les dissidents et ignorent les luttes de terrain. Elles préfèrent le confort de l’entre-soi à l’inconfort de la vérité. Elles préfèrent les faux modérés aux vrais courageux. Elles préfèrent les photos de conférences aux cris des manifestants.
Et dans ce théâtre d’ombres, le pouvoir jubile. Il a réussi à faire passer les lucides pour des extrémistes, les éveillés pour des fauteurs de troubles. Il a retourné les mots, inversé les rôles et imposé sa propagande comme norme. Mais les Togolais libres ne sont pas dupes. Ils savent que l’alternative ne viendra ni des pantins du système, ni des opposants de salon.
Il n’y a pas à choisir entre dictature et silence. Il n’y a pas à composer avec l’inacceptable. Il faut dénoncer, exposer, résister. Et cela, les consciences éveillées du Togo continueront à le faire. Parce qu’avoir les yeux ouverts, c’est déjà un acte de rébellion.
Karl Adadé GABA