Après cinq mois d’un silence savamment orchestré, le régime togolais dévoile enfin le gouvernement de la Ve République. Présentée comme un tournant historique, cette annonce n’est, en réalité, qu’un recyclage cynique du pouvoir en place. Faure Gnassingbé, maître absolu depuis 2005, verrouille les ministères stratégiques, reconduit ses fidèles et enrôle ses chevaux de Troie pour mieux consolider une monarchie déguisée en république.
Une vitrine figée, un décor creux
La Ve République, censée incarner un renouveau institutionnel, n’est qu’un décor de façade. Les ministères clés — Défense, Fonction publique, Transports, Travail, Dialogue social — sont désormais rattachés à la Présidence du Conseil des ministres, concentrant tous les leviers de l’État entre les mains d’un seul homme. Ce verrouillage étouffe toute velléité d’autonomie gouvernementale et renforce une monarchisation étouffante.
Le casting ministériel ne surprend guère : Gilbert Bawara, Cina Lawson, Robert Dussey… les mêmes visages, les mêmes loyautés. Quand les vieux caïmans font peau neuve, c’est pour mieux se fondre dans les eaux troubles du pouvoir. La compétence ou la réforme n’ont pas voix au chapitre ; seule la fidélité au chef compte. Le message est limpide : le changement n’est pas à l’ordre du jour.
Les chevaux de Troie rentrent au bercail
Le régime parachève son œuvre en intégrant ses chevaux de Troie : Koami Gomado, Sena Alipui… désormais ministres. Une stratégie d’infiltration redoutable qui transforme l’opposition traditionnelle, déjà minée par la méfiance et la suspicion, en « dindon de la farce ». L’impossible réforme : au moment même où le bateau RPTUnir prend l’eau de toutes parts, quelle personne sensée irait compromettre son avenir dans ce naufrage ? On recycle donc les mêmes « has been », les vieux clous, encore et encore…
Ces manœuvres visent à neutraliser toute voix dissidente et à désorienter une population désabusée. Le peuple togolais n’a rien à voir avec ce gouvernement qui n’est pas le sien, et dans lequel il ne peut en aucun cas se reconnaître.
Une monarchie sans gêne
Ce gouvernement est le fruit d’un calcul froid et cynique. Il ne répond en rien aux aspirations du peuple togolais, mais uniquement aux besoins du régime de se perpétuer sans jamais se réformer. La Ve République ? Un emballage neuf pour un contenu périmé.
Trente ans de lutte pour la démocratie ont accouché d’une élite politique amorphe, corrompue ou résignée. Ce nouveau gouvernement de pacotille est donc un feu vert donné à la jeunesse togolaise, à l’avant-garde du peuple, pour marcher résolument et dégager ce régime de l’imposture.
Une mise en scène bien huilée
La Ve République togolaise s’apparente à une régression assumée. Une pièce de théâtre où les rôles sont attribués à ceux qui savent se taire, obéir ou trahir. Le sommet du pouvoir reste hermétique à toute transformation réelle.
Le seul espoir réside dans une mobilisation populaire, lucide et déterminée, capable de briser les rouages de cette mascarade institutionnelle. En attendant, le régime verrouille, recycle et enrôle pour mieux régner.
karl Adadé GABA
La rédaction de letogolais.com
Par décret du Président du Conseil, les portefeuilles sont attribués comme suit :
Les ministères de la Défense nationale, de la Fonction publique, du Travail, du Dialogue social et des Transports sont désormais rattachés à la Présidence du Conseil.