Togo : Le 30 août, ou l’histoire en marche

Le Togo est à l’aube d’un tournant décisif. Ce 30 août 2025, le peuple togolais ne descendra pas dans la rue pour une revendication ponctuelle. Il marchera pour renouer avec son histoire, pour achever une œuvre entamée il y a près de sept décennies : celle de la liberté.

Le 30 août 1956 n’est pas une date ordinaire. Ce jour-là, le décret proclamant la République autonome du Togo fut publié au Journal officiel togolais, consacrant pour la première fois la volonté du peuple togolais de se gouverner lui-même. Ce statut, issu de la loi-cadre Defferre, faisait suite au référendum du 28 octobre 1956, organisé sous l’égide de l’administration coloniale française. Ce fut une victoire d’étape décisive sur le chemin de l’indépendance, qui aboutira quatre ans plus tard, le 27 avril 1960. Le 30 août incarne ainsi le moment où le peuple togolais affirma sa souveraineté politique face à l’ordre colonial. C’est ce symbole que la jeunesse togolaise entend raviver aujourd’hui.

Mais cette autonomie, cette souveraineté, n’a jamais pleinement appartenu au peuple. Elle a été confisquée, détournée, piétinée par une dynastie dictatoriale — celle des Gnassingbé — au service d’un impérialisme français qui a transformé l’État en propriété familiale, et le pouvoir en rente héréditaire. Depuis le coup d’État de 1967 jusqu’à la monarchisation mafieuse de 2025, le pouvoir est resté entre les mains d’une même famille, dans un simulacre de démocratie.

Aujourd’hui, une nouvelle génération se lève. Elle n’a pas connu les premières luttes, mais elle en porte la mémoire. Elle n’a pas signé les pactes de l’indépendance, mais elle en réclame les fruits. Elle n’a pas peur. Elle est lucide, organisée, déterminée.

Le mot d’ordre lancé par la société civile, porté avec force par le professeur David Ekoué Dosseh de Togo Debout contre la forfaiture de la Cinquième République — cette monarchisation rampante du régime Gnassingbé — a été un signal fort. Le poème d’Affectio, l’appel d’AAMRON, le clairon de ZAGA Bamboo sur les réseaux : autant de voix qui sonnent le réveil de la jeunesse togolaise et convergent vers une même exigence. Le pays s’est levé pour se faire entendre. Le peuple a choisi la révolte pour mieux affirmer sa voix. Ce n’était pas une fin, mais un commencement.

Le 30 août 2025 sera une grande marche. Une marche pour les morts, pour les vivants, pour ceux qui viendront. Une marche pour dire que l’histoire ne s’écrit pas seulement dans les livres, mais dans les rues, dans les corps, dans les consciences.

Nous devons être au rendez-vous. Non pas comme spectateurs, mais comme témoins engagés, actifs, debout et en lutte. Car lutter, c’est aussi prendre part. Et dans cette marche, chaque pas comptera.

Par Karl Adadé GABA

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