Blue Line Togolais : Dix ans après le mirage, le Ghana inaugure une vraie révolution ferroviaire

En avril 2014, à la veille des présidentielles de 2015, Faure Gnassingbé et son « ami » Vincent Bolloré faisaient les gros titres à Lomé en inaugurant le « Train Blue Line Togo ». Cet événement, organisé en grande pompe, était présenté comme une révolution dans le transport ferroviaire togolais. La télévision nationale (TVT), euphorique, relayait l’annonce d’un avenir où les Togolais voyageraient en train à travers le pays. Hélas, dix ans plus tard, le Blue Line est devenu un souvenir hilarant, à peine digne d’une anecdote.

Le fameux « train » n’a jamais été opérationnel au-delà des 5 kilomètres qu’il parcourut pour une démonstration médiatique. Les rumeurs racontent même qu’il est tombé en panne avant d’atteindre sa destination. Derrière cet écran de fumée, l’industriel français Bolloré semblait plus intéressé par le contrôle du port de Lomé que par le développement ferroviaire du Togo. Cet épisode montre à suffisance l’incapacité chronique des autorités togolaises à concrétiser des projets structurants.

Pendant ce temps, le Ghana, voisin de l’ouest, trace sa route vers la modernité. Vendredi 22 novembre dernier, le président Nana Akufo-Addo inaugurait une nouvelle ligne ferroviaire à écartement standard reliant Tema à Mpakadan. Ce projet ambitieux, financé par un prêt de 281 milliards de francs CFA de la banque indienne Exim, témoigne de la volonté ghanéenne de transformer son économie en facilitant le transport des marchandises et en stimulant le développement des régions enclavées. Avec un pont de 300 mètres enjambant le fleuve Volta, cette infrastructure moderne ouvre une nouvelle ère pour le pays.

Le contraste est saisissant. Alors que le Ghana construit un réseau ferroviaire répondant aux normes internationales, le Togo s’englue dans des promesses non tenues et des stratagèmes électoralistes. L’inauguration du Blue Line était tout simplement une mise en scène vide de contenu, une tentative maladroite de distraire les Togolais des réalités de la précarité infrastructurelle.

Ce retard est d’autant plus préoccupant que le Togo bénéficie d’un port stratégique, l’un des plus actifs de la région. Exploité correctement, ce port pourrait servir de levier pour développer un véritable réseau ferroviaire interconnecté. Mais que nenni ! Au lieu de cela, le régime préfère s’adonner à des annonces spectaculaires sans lendemain.

Les Togolais méritent mieux. Ils méritent une vision audacieuse et concrète pour leur développement. L’exemple ghanéen montre qu’avec de la volonté politique et une planification rigoureuse, il est possible de transformer les infrastructures en vecteurs de progrès économique et social. Le Togo, quant à lui, reste prisonnier de ses illusions, à moins que ses dirigeants ne trouvent enfin le courage de passer des mots aux actes.

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