Togo- L’Etat revendique ses réserves administratives : Le comble du laxisme et de la complicité voilée

L’Etat togolais veut reprendre ses droits sur les réserves foncières administratives. Suite aux conclusions d’une étude pilote qui n’a dévoilé que la partie visible de l’Iceberg, le gouvernement montre ses muscles.

Dans un communiqué publié le 19 novembre 2024 , l’Exécutif a donné douze mois aux occupants illégaux des réserves administratives pour déguerpir. Annoncée depuis plusieurs années, la récupération des réserves n’a jamais été traduite dans les faits. Le laisser-faire finissant toujours par prendre le dessus.

Au Togo, une enquête a révélé que 68 % des réserves administratives de l’État dans le Grand Lomé sont occupées illégalement. Cette opération, lancée le 23 septembre 2024, a couvert les 13 communes du District autonome du Grand Lomé (DAGL) et permis de recenser les domaines publics en vue de leur sécurisation.

D’après les résultats, rendus publics dans un communiqué conjoint des ministères de l’Administration territoriale, de l’Économie et des Finances, ainsi que de l’Urbanisme, cette occupation illégale des domaines publics freine la mise en œuvre de projets d’intérêt général.

En effet, les terrains concernés auraient dû être destinés à des infrastructures publiques, telles que des marchés, des écoles, des hôpitaux ou encore des complexes sportifs.  Face à cette problématique, le gouvernement a accordé aux occupants un délai de 12 mois pour libérer les parcelles concernées, sous peine de mesures coercitives.

En réalité, c’est un secret de Polichinelle. Pour des raisons que personne ne maitrise, certaines collectivités, en complicité avec des géomètres et des fonctionnaires véreux, font de la vente des réserves administratives, un sport favori. Ils cèdent jusqu’au dernier de ces réserves à des acquéreurs qui sont plus la plupart  de mauvaise foi. En conséquence, à Lomé et ses environs, il n’est pas rare de voir une bonne partie des réserves administratives, occupée  par des individus qui y ont érigé des années durant et en toute impunité des habitations. Certaines institutions et autres organismes de l’Etat ont dû implanter des panneaux interdisant toute vente et occupation pour tenter de dissuader ces individus qui défient l’Etat.

Les ravages du laxisme d’Etat

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement togolais affiche sa volonté de reprendre les réserves administratives dérobées ou occupées. Il nous souvient qu’il y a dix ans, le ministre de l’Urbanisme d’alors, Fiatuwo Sessenou avait lancé une opération similaire en haussant le ton. « Quand les constructions illégales ont commencé dans les réserves administratives, nos services sont allés chez les habitants.

Malgré les avertissements, les travaux ont continué, des clôtures ont fait leur apparition. Comment pouvez-vous faire cela sachant pertinemment que le terrain appartient au domaine public ? Tous ceux qui sont de mauvaise foi seront tous dégagés sans indemnités. C’est un principe juridique », avait-il déclaré à l’époque.

Mais, depuis que les autorités togolaises tirent la sonnette d’alarme face à la multiplication des occupations illégales des réserves foncières de l’État, aucun changement notable n’est enregistré sur le terrain. L’occupation illégale a le vent en poupe. Certains occupants, par leur rang social, passent pour des intouchables ou des Togolais entièrement à part, au-dessus de la loi.   Ces gens semblent au-dessus de la volonté de l’Etat de faire respecter son pouvoir d’organisation de l’urbanisme. Symbole de l’impunité érigée en idéologie d’Etat dans un pays où les infrastructures de base manquent cruellement.

Au nom des complices

En laissant ces femmes et ces hommes qui se croient au-dessus de toutes les lois, l’Etat fait preuve d’une complicité à peine voilée. Il n’est donc pas surprenant que les opérations de récupérations des réserves administratives annoncées tambour battant par le gouvernement s’essoufflent rapidement et passent aux oubliettes. Cette opération semble devenir un sujet que le gouvernement réchauffe périodiquement sans réussir à reprendre un lopin de réserve.

Ainsi, comptant sur la complicité manifeste de certains dignitaires du régime en place et sur les stratagèmes d’une justice bancale, les occupants illégaux peuvent continuer de profiter allégrement des réserves administratives.

La preuve, à aucun moment, aucune mesure de rétorsion n’a été annoncée contre ceux qui ont décidé de faire du domaine de l’Etat leur propriété privée.

En définitive, tant que l’Etat continuera de faire preuve de laxisme, les occupants des réserves, dont des hauts cadres de l’administration peuvent dormir tranquille. De toutes les façons au Togo, les considérations politiques ont toujours pris le dessus sur les intérêts des populations.

Source: Le Correcteur

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