Des mineurs illégaux dans un puits désaffecté en Afrique du Sud meurent de faim, car la police limite l’approvisionnement pour tenter de déloger les centaines de personnes supposées se trouver sous terre, ont déclaré dimanche 17 novembre 2024 un mineur et un leader communautaire.
Un corps en décomposition a été remonté la semaine dernière du puits de Stilfontein, à environ 140 kilomètres au sud-ouest de Johannesburg, et on craint qu’il y en ait d’autres.
« Il n’y a plus rien à manger, à boire ou quoi que ce soit qui permette à un être humain de survivre. Il ne reste plus rien sous terre pour l’instant », a déclaré Ayanda Ndabeni, un mineur de 35 ans, qui a été hissé hors du puits par une corde vendredi.
Environ une douzaine de personnes ont refait surface la semaine dernière, alors que les autorités bloquaient par intermittence les habitants qui tentaient de faire descendre de la nourriture et de l’eau depuis près de deux semaines pour vider le puits.
Un tribunal a ordonné samedi que la police cesse toutes restrictions au niveau de ce puits de mine d’or abandonné, un trou rudimentaire dans le sol situé dans une zone de veld ouvert, où des policiers étaient postés dimanche pour surveiller si d’autres personnes remontaient.
Les habitants ont pu descendre 600 paquets de porridge instantané et 600 litres d’eau à l’aide d’une corde samedi, a indiqué Johannes Qankase, un leader communautaire, à l’AFP, saluant la décision du tribunal.
C’était le premier approvisionnement depuis mardi 12 novembre 2024, a-t-il ajouté.
« Nous pouvons sauver des vies maintenant », a-t-il déclaré. « Ils doivent recevoir de la nourriture, de l’eau et leurs médicaments ».
« Nous avons vu que les personnes qui refont surface sont très faibles, très déshydratées », a-t-il ajouté.
Plus tôt cette semaine, un habitant a affirmé avoir entendu dire qu’il y avait environ 4 000 mineurs sous terre. La police a estimé ce chiffre probablement à des centaines.
La réaction des autorités a indigné de nombreux Sud-Africains, en particulier les commentaires de la ministre de la Présidence, Khumbudzo Ntshavheni, qui a déclaré mercredi à des journalistes : « Honnêtement, nous n’allons pas venir en aide à des criminels, nous allons les débusquer ».
Des milliers de mineurs illégaux, dont beaucoup viennent d’autres pays, travailleraient dans des puits de mine abandonnés en Afrique du Sud, riche en minerais.
Appelés localement « zama zamas » — « ceux qui essaient » en langue zouloue — ces mineurs exaspèrent les compagnies minières et sont accusés de criminalité par les habitants.
« Nous appelons tous ces mineurs illégaux à remonter à la surface », a déclaré dimanche la porte-parole de la police, la brigadière Athlenda Mathe.
Le gouvernement a indiqué qu’il constituerait une équipe d’experts en secours miniers pour proposer un plan visant à évacuer tous les mineurs, a-t-elle ajouté.
© avec l’AFP