La tendance baissière des cours de pétrole en Afrique et dans le monde aura un impact sur les économies de plusieurs pays africains.
D’abord, la tendance baissière, si elle se confirme, aura des impacts négatifs sur les pays producteurs de pétrole africains qui sont presque tous des pays rentiers qui n’ont pas su vraiment diversifier leurs économies.
C’est le cas de l’Algérie, du Nigeria, de l’Angola, du Gabon, de la Guinée équatoriale… qui sont encore des États qui dépendent énormément des hydrocarbures.
En Algérie, par exemple, les autorités ont bâti la loi de finances 2025 sur la base du prix fiscal du baril de pétrole à 60 dollars et 70 dollars sur le marché sur toute la période 2025-2027.
Sur la base de ces hypothèses, le pays devrait engranger 3.454 milliards de dinars algériens, soit environ 26 milliards de dollars, de recettes fiscales, représentant 40,52% du total des recettes du budget (8.523 milliards de dinars). Avec cette hypothèse, le déficit budgétaire devrait s’établir, en 2025, à 8.271,55 milliards de dollars en 2025, soit 21% du PIB.
C’est également le cas du Nigeria, premier producteur de pétrole africain. La baisse des cours du pétrole est synonyme de chute des recettes d’exportation et des recettes budgétaires, le pétrole représentant 90% de revenus tirés des exportations du pays et 40% du budget fédéral. C’est dire que la baisse du cours du pétrole aura des impacts négatifs sur le déficit budgétaire et la balance des opérations courantes dans ce pays d’Afrique.
Elle entraînera aussi une baisse des réserves de change avec des conséquences néfastes sur le naira, la monnaie nigériane, qui pourrait se déprécier davantage.
Toutefois, pour le Nigeria, la chute du cours du brut peut pousser les autorités à encourager davantage le raffinage local du brut pour plus de valeur ajoutée, le pays disposant désormais d’une unité en mesure de raffiner 650.000 barils par jour, soit plus de la moitié de la production actuelle du pays. C’est aussi le cas de l’Angola dont 93% des exportations du pays et 58% des recettes fiscales.
Une chose est sûre, tous les pays pétroliers africains qui ne sont pas parvenus à diversifier leurs économies seront durement impactés par les baisses annoncées.
Une situation qui illustre la nécessité impérieuse pour ces pays de sortir de leur dépendance des hydrocarbures et à s’engager dans des processus de diversification et de s’affranchir de la volatilité des cours des hydrocarbures.
En outre, la baisse des prix de l’or noir pourrait à moyen et long terme affecter les budgets et les investissements publics de ces pays et impacter négativement leur croissance future.
Reste que cette baisse des cours du pétrole aura aussi des impacts positifs sur de nombreux pays africains. Il y a en premier lieu, les importateurs d’hydrocarbures qui verront leurs factures énergétiques baisser avec des impacts positifs sur leurs balances commerciales, leurs réserves de change et donc sur leurs balances des paiements.
Ensuite, la baisse des cours va réduire les factures des subventions aux carburants et soulager les budgets des États.
En outre, les hydrocarbures ayant un impact sur le reste de l’économie, la baisse des cours se traduira par un effet désinflationniste sur les autres produits et sur les transports.
Ainsi, la baisse des prix des carburants a été observée dans un certain nombre de pays importateurs de produits pétroliers. Cela devrait ainsi accentuer la décrue de l’inflation constatée depuis quelques mois et impacter positivement le pouvoir d’achat des populations.