Le Canada a annoncé lundi 4 novembre 2024, vouloir réduire les émissions de son secteur du pétrole et du gaz d’un tiers dès 2030 en mettant en place un système de plafonnement et d’échange de crédits carbone, sans toutefois réduire la production.
L’objectif du système, qui serait mis en place progressivement sur plusieurs années, serait de réduire les émissions de 27% par rapport aux niveaux de 2026, ce qui équivaut à 35% des niveaux de 2019. Il n’inclut pas les émissions liées à la consommation finale de ces hydrocarbures.
Le Canada est le quatrième producteur mondial de pétrole et ce secteur « représente près d’un tiers de notre pollution climatique », a souligné Steven Guilbeault, le ministre de l’Environnement, soulignant qu’ »il doit faire sa juste part ».
Les entreprises seront ainsi tenues de publier leurs émissions et leur production à partir de 2026, mais la période effective de plafonnement ne débuterait qu’en 2030.
Selon la proposition, les compagnies pétrolières se verraient attribuer des quotas d’émission qui diminueraient au fil des ans. Si elles dépassent ces seuils, elles seraient autorisées à acheter des crédits compensatoires à hauteur de 20% de leurs émissions.
Le plan du gouvernement « s’attaque à la pollution, pas à la production », a ajouté le ministre Guilbeault, soulignant qu’il incite les entreprises à investir dans des technologies de captation de carbone qui se développent de plus en plus.
Ottawa estime que la production de pétrole et de gaz devrait encore augmenter de 16% de 2019 à la période 2030-2032, contre 17% en l’absence de plafond, et qu’il n’en résulterait qu’une réduction de 0,1% du PIB canadien.
Le secteur canadien du pétrole et du gaz, qui représente 25% des exportations du pays, a multiplié ses bénéfices par 10 durant la pandémie de Covid-19, passant de 6,6 milliards de dollars canadiens (4,4 milliards d’euros) en 2019 à 66,6 milliards en 2022.
Pour les entreprises, la proposition du gouvernement de Justin Trudeau n’aura pour effets que de ralentir l’économie.
« Alors que l’économie canadienne est au point mort, l’imposition d’un plafond pour les émissions de pétrole et de gaz ne fera qu’appauvrir les Canadiens », a déclaré le Conseil canadien des chefs d’entreprise dans un communiqué.
« Ce plafonnement de la production nuira aux familles, aux entreprises et à l’économie canadienne », pense pour sa part la province pétrolifère de l’Alberta. Elle estime que ce plafond nécessitera une réduction de la production d’un million de barils par jour d’ici à 2030.
Des groupes de défense de l’environnement, dont le Réseau d’action pour le climat, ont qualifié ces réglementations de « première historique longuement attendue » et de « bonne nouvelle » qui doit être mise en œuvre « dès que possible ».
Avec AFP