EDITO – UN TOGO EN CONFLIT, FAUTE DE REPERES

Notre pays traverse des temps difficiles et ses lendemains sont incertains. Une vision collective pour servir de fondation n’existe plus, et seules les ambitions individuelles comptent. Le résultat est que la cohésion sociale disparaît à grands pas.

Les autorités politiques, au lieu d’être crédibles, respectées et acceptées par le peuple, elles ne sont que des gens craints pour leur capacité à sévir. Même les chefs traditionnels, autrefois figures d’autorité morale, sont aujourd’hui pour la plupart controversés. Dépendant du pouvoir politique, ils n’inspirent plus le respect, mais la méfiance.

Le phénomène ne se limite pas aux sphères politiques ou traditionnelles, il est général. Même des personnes comme les dirigeants d’associations ou de fédérations sportives sont perçues comme des pantins d’un système imposé de force, incapables de susciter une adhésion volontaire à leur leadership.

Il y a donc une absence de légitimité qui nuit gravement au contrat social qui devrait nous lier, et les lois qui devraient constituer le garant de la justice ne sont plus acceptées mais subies par les citoyens. Elles échouent à réguler les actions de ceux qui sont au pouvoir. Tout cela ajouté à l’absence d’une gouvernance équitable crée et alimente les conflits interminables que nous connaissons.

Normalement, les partis politiques servent à nourrir le débat d’idées, mais chez nous, ils sont devenus un mal à éradiquer. Leur multiplication n’est pas une preuve de diversité de perspectives pour le pays, mais une preuve de la multiplication des ambitions individuelles. Ces partis se livrent une guerre sans merci, non pas pour l’avenir du Togo, mais pour l’intérêt des leaders. Ils n’offrent aucun terrain commun sur lequel construire un dialogue.

En plus de ce climat nocif, l’absence d’une figure présidentielle forte semble de plus en plus se faire sentir. Malgré l’éternelle répétition de la célèbre formule « Sous les instructions du président de la république », on ne sent pas vraiment le rôle du chef de l’État qui devrait être celui d’un guide, capable de donner le ton, de tracer une voie et de rassembler toutes les forces autour de la quête du bien collectif. Le président est malheureusement trop distant et trop silencieux, créant ainsi un vide et une pente glissante pour le pays. Pour s’en convaincre, il suffit par exemple de jeter un coup d’œil sur les ouvrages de travaux publics, un peu partout bâclés sans que personne n’en dise mot, comme si ce n’est pas de l’argent qui a servi à les réaliser.

Un Togo sans contrat social solide est voué à l’échec, n’en déplaise aux collaborateurs les moins intelligents du Président Faure, ceux-là qui pensent qu’on peut construire un pays avec la force brutale, l’injustice et dans la désunion.  

N’djo

Source : Journal Sika’a

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