BRICS : une chance pour l’Afrique ou un nouvel ordre colonial ?

L’alliance des BRICS suscite des espoirs de développement en Afrique, mais soulève également des craintes quant à une potentielle domination néocoloniale.

L’alliance entre les pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) suscite de nombreuses attentes en Afrique, mais également des doutes. Alors que le bloc attire de plus en plus de pays africains, un débat s’installe : s’agit-il d’une opportunité pour le développement du continent ou d’une nouvelle forme de domination déguisée ?

Un partenariat prometteur pour l’Afrique ?

Depuis leur création, les BRICS ont capté l’attention des pays africains, qui y voient une alternative à l’hégémonie occidentale. Le dernier sommet des BRICS a notamment mis l’accent sur le renforcement de la coopération avec l’Afrique, dans le cadre d’un partenariat « win-win », basé sur la croissance mutuelle et le respect des souverainetés. Les ressources offertes par les BRICS, sous forme de prêts et d’investissements, sont perçues comme un levier pour un développement plus autonome.

Pour de nombreux acteurs politiques et civils africains, cette relation pourrait marquer la fin de la dépendance néocoloniale. La montée en puissance des BRICS représente pour eux une opportunité de diversification des partenariats économiques, loin des diktats imposés par les anciennes puissances coloniales. De plus, les BRICS partagent une histoire commune avec l’Afrique, ayant soutenu les luttes pour l’indépendance, ce qui leur confère un certain capital de sympathie sur le continent.

Une relation inégale en toile de fond

Toutefois, malgré ce discours optimiste, la réalité des échanges économiques entre l’Afrique et les BRICS est plus complexe. La structure des échanges reste déséquilibrée : l’Afrique continue d’exporter principalement des matières premières et d’importer des produits manufacturés. De plus, le continent contracte de nouvelles dettes auprès de ces puissances émergentes, ce qui rappelle les anciennes dynamiques de dépendance Nord-Sud.

Les sceptiques soulignent que, malgré leurs promesses, les BRICS ne diffèrent pas fondamentalement des anciennes puissances coloniales. Leurs stratégies visent à conquérir de nouveaux marchés et à s’assurer un accès privilégié aux ressources africaines. Derrière le masque d’un partenariat solidaire, les BRICS reproduiraient les mêmes schémas d’exploitation que leurs prédécesseurs.

Un modèle de développement contesté

Sur le terrain, les projets financés par les BRICS dans les secteurs de l’agro-industrie, de l’extraction minière ou des infrastructures sont souvent critiqués pour leurs impacts sociaux et environnementaux. Des communautés locales sont dépossédées de leurs terres, tandis que des conflits socio-environnementaux se multiplient. Des accusations d’exploitation illégale des ressources africaines, notamment par les Émirats arabes unis, soulèvent des inquiétudes quant à la nature réelle de ce partenariat.

De plus, bien que les BRICS se positionnent comme des réformateurs de l’architecture économique mondiale, ils demeurent de fervents partisans du libre-échange et des paradis fiscaux, des outils souvent associés à la captation de la richesse des pays du Sud. Ces pratiques, loin de promouvoir un développement inclusif, renforcent les inégalités et marginalisent encore davantage les économies africaines.

Dimitri AGBOZOH-GUIDIH

Source : Miadé Bé Nou

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