Les prix du pétrole dévissaient ce mardi 3 septembre 2024, le Brent tombant à son plus bas de l’année, plombés par les craintes qui pèsent sur l’économie chinoise et les attentes de voir la Libye et les membres de l’Opep rouvrir les vannes.
Vers 15H00 GMT (17H00 à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord chutait de 4,45% à 74,07 dollars peu après avoir sombré à son plus bas prix de l’année.
Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) sombrait de 4,07%, à 70,56 dollars, frôlant la barre symbolique des 70 dollars.
La chute des cours est alimentée par « les inquiétudes concernant la Chine et les perspectives de fin des restrictions volontaires de production de certains pays de l’Opep+ », l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés, explique à l’AFP Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote.
L’état de santé économique de la Chine, premier importateur de pétrole au monde, est en effet au cœur des préoccupations des investisseurs depuis le ralentissement de la croissance au deuxième trimestre.
Le géant asiatique est en proie à une crise inédite de son vaste secteur immobilier, une confiance morose des ménages et des entreprises, ce qui pénalise la consommation, tandis que les tensions géopolitiques avec Washington et l’Union européenne menacent son commerce extérieur.
La vente de pétrole s’est aussi fortement accélérée après que l’agence Bloomberg « a fait état d’un redémarrage imminent de la production de pétrole en Libye », affirme Giovanni Staunovo, analyste chez UBS interrogé par l’AFP.
Retour de l’offre libyenne
La Mission d’appui de l’ONU en Libye (Manul) avait annoncé avoir tenu des pourparlers lundi avec les deux exécutifs rivaux en Libye, dont les différends ont débouché sur une crise de la gouvernance de la Banque centrale et des craintes autour du secteur pétrolier.
En proie au chaos depuis la chute et la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est gouvernée par deux exécutifs rivaux : celui d’Abdelhamid Dbeibah installé à Tripoli (ouest) et reconnu par l’ONU, et un autre dans l’Est, soutenu par le maréchal Khalifa Haftar.
Lundi, la Compagnie nationale de pétrole (NOC) en Libye a déclaré l’état de « force majeure » pour le champ pétrolier d’El-Feel, invoquant dans un communiqué des « circonstances indépendantes de sa volonté », qui « affecteront et arrêteront les opérations pétrolières et la production de pétrole brut ».
« La banque centrale libyenne estime que les parties en conflit sont proches d’un accord et que la reprise de la production de pétrole est imminente », explique à l’AFP Tamas Varga, analyste chez PVM Energy.
Tous les regards vers l’Opep+
« Si les prix du pétrole continuent à baisser, l’Opep+ devra prendre une décision importante », souligne Fawad Razaqzada, analyste chez City Index.
Début juin, le groupe avait annoncé qu’il pourrait réintroduire progressivement environ 2,5 millions de barils par jour dès octobre, avec la fin des réductions volontaires supplémentaires de certains membres et l’augmentation de l’objectif de production des Émirats arabes unis.
Pour l’instant, c’est toujours sur la table, malgré des cours qui dévissent, mais « il ne reste plus beaucoup de temps (à l’Opep+) pour dire oui ou non », selon Bjarne Schieldrop, de Seb.
L’analyste rappelle que le marché s’est habitué à une Opep+ proactive pour soutenir les prix, mais ajoute qu’ »aujourd’hui, le marché est moins sûr de (son) empressement à intervenir pour rattraper les prix en cas de chute ».
L’alliance pourrait changer d’avis et maintenir ses réductions de production en octobre (elle avait d’ailleurs fait savoir à plusieurs reprises que c’était une possibilité en fonction des conditions de marché).
Avec l’AFP