Dans une déclaration, la Coalition de la Diaspora Togolaise pour L’Alternance et la Démocratie (CODITOGO) se prononce sur les derniers développements de l’actualité sociopolitique du pays, abordant la vague d’arrestations au sein des Forces Armées Togolaises, l’arrestation de la veuve Sow Bertin Agba, ainsi que la récente attaque terroriste. Elle évoque également la convocation, les menaces et les intimidations de la HAAC à l’encontre du journaliste Joachim Agbétim, ainsi que la suspension de trois mois de son émission. Lecture.
Déclaration
CODITOGO dénonce et condamne fermement ces pratiques rétrogrades, surannées et ignominieuses
- Vague d’arrestations au sein des Forces Armées Togolaises (FAT)
Depuis un certain temps et de sources journalistiques, CODITOGO apprend que plusieurs officiers et des soldats de troupe sont arrêtés à Lomé et surtout à Kara, en marge des luttes Evalas, et des traques en cours. Parmi ces arrestations de masse, figureraient le colonel Ali Bouwakibè, chef corps du régiment parachutiste commando (RPC) du camp Landja à Kara et capitaine Dare Kondi, un commando béret rouge à la tête d’une unité spéciale basée dans la préfecture de la Kozah. Cette chasse aux sorcières au sein de la grande muette et le silence qui l’entoure, si elle venait à être confirmée, traduit un malaise profond au sein du régime de Faure Gnassingbé, un régime civil au visage lourdement armé.
Pour CODITOGO, le silence des autorités togolaises, notamment du ministère de la défense nationale et des anciens combattants tenu par Monsieur Faure Gnassingbé en personne, le ministère de la sécurité et de la protection civile, le ministère de la justice et le Procureur du Tribunal militaire, inquiète à plus d’un titre. Non seulement le peuple a droit à l’information, et les parents des personnes interpellées ont le droit de savoir ce qui se passe avec les leurs ; mais encore et surtout lorsqu’on sait que des personnes habituellement interpellées dans situations analogues et gardées au secret sont constamment l’objet d’actes de torture, de traitements cruels, inhumains et dégradants. Les exemples font légion et nous pouvons citer les cas des affaires Colonel Kuma Biténéwé en 2000, Kpatcha Gnassingbé et autres en 2009 et Général Abalo Félix Kadangha en 2020.
Pour ne pas laisser libre cours aux rumeurs, pour la sécurité des personnes arrêtées et la quiétude de leurs familles respectives, CODITOGO demande aux autorités citées ci-dessus de s’obliger à communiquer sur les différentes arrestations ainsi évoquées.
En outre CODITOGO demande aux autorités compétentes du Togo d’assurer aux personnes interpellées le bénéfice de l’ensemble des règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus (Règles Nelson Mandela), notamment le droit d’être traitées dignement, le droit de bénéficier des soins de santé par un médecin de leur choix, le droit d’être informées des charges qui pèsent sur elles, le droit de recevoir la visite de leur famille, le droit de se faire assister d’un avocat de leur choix dès l’enquête préliminaire et le droit d’être présentées à un magistrat du siège.
- Mutisme et mépris autour des attaques terroristes dans le nord du Togo
Le 20 juillet 2024, au poste opérationnel avancé de Kpinkankandi, dans la préfecture de Kpendjal, une attaque perpétrée par un groupe de djihadistes a coûté la vie à douze (12) de nos braves soldats. CODITOGO condamne fermement cet acte terroriste, lâche et barbare, présente ses condoléances aux familles et souhaite un prompt rétablissement aux blessés. CODITOGO dénonce le mutisme et le mépris des autorités togolaises qui refusent de communiquer sur ces actes odieux et de rendre un hommage digne de ce nom et mérité à nos vaillants combattants tombés au champ d’honneur.
CODITOGO déplore le peu de matériels, d’ailleurs inadaptés et inadéquats, mis à la disposition de nos soldats pour aller sur les théâtres d’opérations militaires, en face d’ennemis lourdement armés, ce qui les expose à une vulnérabilité excessive à la merci de ces terroristes. Cela est d’autant plus inadmissible lorsqu’on se rappelle que dans son message de vœux 2023 à la nation, le chef de l’État a déclaré que « d’importants investissements ont été consentis, notamment dans le cadre de la loi de programmation militaire 2021-2025, pour mieux équiper et moderniser notre outil de défense pour notre armée ».
Enfin CODITOGO condamne avec fermeté le fait que, tout comme l’année dernière, le chef de l’État Faure Gnassingbé mobilise autour de sa seule personne, tout le dispositif efficace de sécurité pendant deux semaines entières pour la fête des Evalas à Kara, au moment où nos soldats, à leur corps défendant, tombent sous les balles meurtrières des djihadistes que Faure Gnassingbé est allé chercher par la pratique d’une diplomatie de façade, destinée à masquer une mal-gouvernance et une politique intérieures chaotiques.
CODITOGO demande à nos vaillantes forces de défense et de sécurité d’intégrer cette donne, afin de s’engager aux côtés du peuple en lutte pour sa libération du joug dictatorial. Car depuis, ils sont devenus flagrants, le mépris des autorités togolaises vis-à-vis du peuple en général et des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) en particulier, la désinvolture de ces autorités à mettre à la disposition des FDS un dispositif militaire et de renseignement adéquat face aux incursions des mouvements djihadistes, la volonté affichée de Faure Gnassingbé de ramener tout le dispositif sécuritaire et de renseignement adéquat togolais à sa seule personne pour la conservation du pouvoir politique.
- Arrestation de la veuve Sow Bertin Agba et des membres de sa famille
Dans la journée du 25 juillet 2024, dame veuve Agba Françoise Massan Afiavi et d’autres membres de sa famille dont Makliwè Ferdinand Awissoba, Miabalo Agba, Bawimotom Eddy AGBA, Cyrille Abalo AGBA, ont été enlevés à leur domicile tôt à 5 heures du matin et portés vers une destination inconnue. Même le procureur près le Tribunal de Grande instance de Lomé contacté, a répondu dans un premier temps n’avoir été informé ni de leur arrestation, encore moins des motifs, ni de l’endroit où ils seraient détenus.
C’est tard dans cette journée que, sur insistance des avocats, on apprend qu’ils sont détenus dans les locaux du Service Central de Recherches et d’Investigations Criminelles (SCRIC), sans aucune notification de charges, les agents enquêteurs se contentant de leur demander ce qu’ils sont venus chercher au Togo. Vous direz sérieux et curieux, n’est-ce pas : on demande à des Togolais ce qu’ils sont venus chercher dans leur propre pays ; quelle outrecuidance ! Ils sont interdits d’accès à leurs familles et aux avocats. Dame veuve Françoise Afiavi Agba qui a une santé fragile, a été interdite dans la journée qui a suivi son arrestation de s’alimenter et de prendre ses médicaments. Pour rappel, l’époux de dame Françoise Afiavi Agba, feu Sow Bertin Abalo Agba était contraint en exil en Afrique du Sud où il décéda l’année dernière et son corps fut inhumé à Accra au Ghana.
CODITOGO s’insurge contre ces méthodes et cet acharnement indigne, qui violent les droits les plus élémentaires des personnes interpellées et rappelle à l’attention des autorités togolaises le respect des règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus évoquées plus haut.
CODITOGO exige la libération pure et simple des personnes injustement arrêtées et tiendra monsieur Faure Gnassingbé personnellement pour responsable de ce qu’il leur adviendra.
- Convocation, menaces et intimidations contre le journaliste Joachim Agbétim
Toujours dans la journée du 25 juillet 2024, CODITOGO a appris que Monsieur Joachim Agbétim, journaliste et Rédacteur en chef à Victoire FM, une radio de la place, a reçu des menaces de tous genres, des intimidations, même au cours de l’émission qu’il animait avec comme invité Me François Akila-Esso Boko sur la création de Freedom Togo – Mouvement de Libération Nationale (MLN), un mouvement citoyen de la Diaspora et sur la dernière attaque terroriste au nord du Togo. Monsieur Joachim Agbetim a été convoqué le jour suivant, soit le 26 juillet 2024 à la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) où il a été interrogé sur cette émission. Tard dans la soirée, la HAAC prend une décision suspendant pour une période de trois (03) mois à compter du 27 juillet 2024, l’émission « Auditeur-Actualité » de la Radio Victoire FM, ainsi que Monsieur Joachim Agbétim, pour la même période, de l’animation de toute émission d’actualité ou d’information dans quelque radio que ce soit exerçant avec l’autorisation de cette institution.
CODITOGO élève une vive protestation et une véhémente réprobation contre la poursuite du musellement de la presse privée au Togo et attire une fois de plus la communauté internationale sur les violations récurrentes de la liberté de presse et d’expression par le régime de Faure Gnassingbé.
CODITOGO apporte tout son soutien à la Radio Victoire FM et à tout son personnel, au journaliste Joachim Agbétim et tient à rappeler avec regret à l’opinion nationale et internationale que les médias togolais sont progressivement réduits à des émissions de divertissement, l’autocensure et des journalistes critiques sont convoqués, arrêtés et emprisonnés, certains contraints à l’exil.
Au moment où le pouvoir de Lomé est vomi au plan interne et commence par être décrié au plan sous-régional, régional et international, surtout avec l’implémentation de son projet funeste de monarchisation du Togo envers et contre tous, le régime de Faure Gnassingbé perd son sang-froid, continue de durcir le ton, réprime et arrête toutes les voix dissonantes.
CODITOGO dénonce et condamne fermement ces pratiques rétrogrades, surannées et ignominieuses qui traduisent les derniers soubresauts d’un tyran aux abois.
CODITOGO appelle tout le peuple togolais tout entier à rester mobilisé comme un seul homme pour dire cette fois-ci pour de bon UN NON CATÉGORIQUE ET DÉFINITIF à Faure Gnassingbé. Que viennent les tyrans ton cœur soupire vers la liberté ! Fait à Paris, le 29 juillet 2024.
Pour CODITOGO,
Chris Yayra Agobia
Coordinateur général.