L’Assurance maladie de ce pays prend des mesures pour économiser 1000 milliards

Dépistages plus précoces, nouvelles prérogatives pour certains paramédicaux, maîtrise des prescriptions, lutte contre la fraude : dans un rapport que l’AFP a pu consulter ce jeudi 11 juillet 2024, l’Assurance maladie livre 30 propositions pour freiner ses dépenses et économiser 1,56 milliard d’euros (environ 1000 milliards de FCFA) en 2025.

Le déficit de l’Assurance maladie s’est établi à 11,1 milliards d’euros en 2023 et devrait rester « durablement » supérieur à 10 milliards, observe-t-elle dans ce rapport, qui sert chaque année de contribution en vue de l’élaboration par le gouvernement du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).

En 2022, l’Assurance maladie a remboursé 190,3 milliards d’euros à 68,7 millions d’assurés. Quelque 35% de la population était traitée pour une pathologie chronique (+7% depuis 2015), représentant 59% des dépenses.

Plus d’un milliard des économies envisagées s’appuient sur la nouvelle convention signée début juin avec les médecins libéraux, qui, en contrepartie de hausses de rémunérations, se sont fixé divers objectifs en matière d’accès et de « pertinence » des soins, pour réduire la prescription de médicaments, arrêts maladie, transports sanitaires ou d’actes d’imagerie et de biologie « inutiles ».

Concernant les arrêts de travail, la Sécu veut poursuivre ses opérations de contrôle, mais aussi mettre à disposition des médecins un service baptisé « SOS IJ » (indemnités journalières), pour les aider à gérer certaines situations « complexes ».

L’Assurance maladie propose par ailleurs d’arrêter de rembourser les prescriptions des médecins non conventionnés, même s’ils restent rares (575 généralistes et 215 spécialistes).

Recours systématique à la carte Vitale, diffusion d’un nouveau formulaire infalsifiable pour les arrêts maladie, intelligence artificielle pour détecter les fausses ordonnances : l’Assurance maladie anticipe 420 millions d’économies grâce à la lutte contre la fraude.

– Renforcer la prévention –

Concentrant aussi ses efforts sur la prévention, l’Assurance maladie pointe des taux de dépistage organisés « très en deçà » des objectifs européens, pour le cancer du sein, du col de l’utérus et colorectal.

Elle préconise donc d’autoriser des infirmières dûment formées à réaliser des frottis du col utérin, permettre aux infirmières et sage-femmes de remettre les kits de dépistage du cancer colorectal, et déployer des « mammobus » (mammographies ambulantes) dans tous les déserts médicaux.

Le rapport identifie aussi cinq « maladies cardio-vasculaires ou associées » et « interdépendantes » – insuffisance cardiaque, diabète, syndrome coronaire chronique, maladie rénale chronique et bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) – pour lesquelles elle voudrait « systématiser le dépistage régulier » des pathologies associées.

Elle propose d’utiliser le nouveau dispositif « Mon bilan prévention » (consultations longues dédiées) pour orienter les malades. Elle voudrait systématiser l’évaluation du risque cardio-vasculaire chez la femme ménopausée et permettre aux infirmières de pratique avancée (IPA) de réaliser le dépistage de la BPCO.

Le rapport observe encore l’augmentation « préoccupante » de l’usage des psychotropes chez les 12-25 ans.

La consommation d’antidépresseurs a, par exemple, augmenté de 60% depuis 2019, en majorité chez les filles. Une partie des prescriptions n’étant pas conformes aux recommandations scientifiques, l’Assurance maladie propose de mieux accompagner les généralistes, via notamment des outils numériques.

– Lutte contre le gaspillage –

Pour les jeunes relevant de l’aide sociale à l’enfance (ASE), particulièrement vulnérables, le rapport propose la création d’un parcours de soins somatique et psychique spécifique, entièrement remboursé. Les parents d’enfants atteints de troubles du neurodéveloppement pourraient se voir proposer des séances de « guidance parentale ».

L’Assurance maladie veut aussi lutter contre le gaspillage et recommande de « limiter » la délivrance de pansements et produits nécessaires aux plaies à 7 jours de traitement, en donnant la possibilité aux infirmiers de réadapter les prescriptions.

Face aux difficultés d’accès aux soins, elle préconise le déploiement d’un site ou application permettant aux usagers de consulter en temps réel les lieux de soins non programmés (médecins de garde, urgences…) et délais d’attente.

Elle voudrait par ailleurs travailler avec chaque profession de santé pour développer des plateformes de régulation de soins urgents, à l’image du service « Allo ortho » développé par des orthophonistes.

La Sécu affiche enfin la volonté d’améliorer le modèle de financement des centres de santé, pour beaucoup en grande difficulté financière, via des négociations conventionnelles.

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